Le cinquante-neuvième anniversaire et demi

Un historique de toutes nos réunions

Table des matières

mercredi 06 juin 2001

La voix du secrétaire (Jean)

Présents à cette réunion, par ordre d'arrivée :

moi, qui ai mangé du magret de canard, et qui ai bu une margarita,
David (le porteur de cravate), qui a mangé des spaghetti carbonara, et bu de la Kwack puis de la Guinness,
Nicolas (un nouveau, ce n'est pas Nicolas Chuche ni Nicolas Jourden), qui a mangé des spaghetti carbonara,
Jean-Michel, un autre nouveau, qui n'a rien mangé,
Yann, qui a mangé un blue cheese burger et bu une Blanche,
Stéphane, qui a mangé un confit de canard et bu de la Kriek,
Briac, qui a mangé une andouillette et bu de la bière,
Kai, qui a bu de la bière
Birgit, qui a également bu de la bière
BooK, qui a mangé une andouillette et bu de la Guinness,
David (le président fondateur), qui a mangé un magret de canard, et bu de la Warsteiner, puis, en raison d'une panne sèche du bar, de la Furstenberg,
Artur, qui a bu de la Grimbergen, et mangé je ne sais plus quoi,
Emmanuel, qui a mangé un chicken salade et bu un Orangina,
Frédéric (collègue d'Emmanuel), qui a mangé un chicken taverne,
Jicé,
Frédéric (le copain de BooK et de Jicé, cette fois), qui est arrivé trop tard pour manger.

Nous avons eu droit également à la visite en coup de vent de Murielle, venue pour nous dire bonjour, et pour ramener son mari au bercail.
Ça fait beaucoup de monde. On ne va pas s'en plaindre, mais il faut garder à l'esprit que je ne pouvais pas tout suivre. Les circonstances ont fait que j'ai beaucoup discuté avec Stéphane, et que j'ai loupé les interventions d'Artur et de Jicé, ainsi que les histoires drôles en Anglais échangées entre Kai, Birgit et Jean-Michel. J'ai raté également une part importante des interventions de Phillipe.
Comme de coutume, la discussion a porté sur Perl et sur l'informatique en général, et également sur des sujets ayant peu de points communs avec l'informatique.

Perl

David (et sa cravate) nous fait part de son apprentissage de Perl. Notamment, suite à la question qu'il a posée sur la liste, il a compris qu'il y avait beaucoup d'informations intéressantes à découvrir dans perldoc perlop. Il avait bien lu perldoc perlfunc, mais il ne savait pas qu'il y avait une autre page de documentation essentielle à lire.
En recherchant dans Yahoo!, il a trouvé également un tutoriel en Français sur Perl. Stéphane lui parle des articles FMTEYEWTK, mais je trouve que ce n'est peut-être pas indiqué pour un débutant. Yann lui conseille le Cookbook, qui contient des programmes Perl répondant à des problèmes concrets. Il existe également une liste destinée aux débutants.
Il se pose également la question suivante : "Qu'est-ce qu'un module ?". C'est difficile de lui répondre, car pour nous, cela fait partie du décor. En y réfléchissant, la définition est peut-être
un bout de code intéressant et réutilisable, stocké dans un fichier toto.pm, et chargé par use
Quant à savoir comment on peut savoir si un morceau de code est intéressant, c'est une question subjective. On peut citer un seul cas d'un module qui a été jugé inintéressant par les hautes instances de CPAN, celui de Date::MMDDYY, cité lors de la dernière réunion. Il y a plusieurs moyens pour trouver un module sur CPAN :
1. la lecture régulière de The Perl Journal, et de sa colonne Perl News,
2. la lecture régulière de use.perl.org, qui donne presque toutes les semaines la liste des nouveaux modules,
3. la page d'entrée de www.perl.com, qui comporte des liens associés à des sujets intéressants,
4. la liste des modules de CPAN, classés par catégorie,
5. ou un moteur de recherche spécialement prévu pour (anciennement search.cpan.org qui a disparu en juin 2018).
Toujours en raison de son niveau de débutant, David se demande si, dans la mesure où il serait présent à YAPC::Amsterdam, il pourrait tirer un intérêt aux conférences, ou bien s'il serait largué. Nous lui répondons qu'il pourrait quand même bénéficier de ce qu'il verrait et entendrait.
Philippe nous a raconté les circonstances de son lightning talk à YAPC::Londres. La veille au soir, Stéphane a fait répéter Philippe et David, montre en main, pour s'assurer que leur intervention tiendrait dans le temps imparti de 5 mn. La première tentative de Philippe a donné un quart d'heure. Puis, à une heure tardive de la nuit (ou plutôt de bonne heure le matin), après maints efforts, Philippe a réussi à exposer son sujet en 5 minutes. Lors de la conférence proprement dite, il était prévu qu'une discrète sonnerie (le même son qu'une fourchette heurtant un verre à pied dans un restaurant) avertisse le conférencier que 4 minutes venaient de s'écouler, et qu'il restait 1 minute. Philippe s'est donc lancé dans son discours, et l'a terminé juste avant le "ding" d'avertissement. Je lui ai demandé s'il avait meublé la minute restante par la formule bateau "Any questions?".
En parlant de YAPC::Paris, cette fois, Philippe évoque la possibilité de se faire sponsoriser par Euro-Disney, toujours prêt à mettre leurs hôtels à disposition des participants étrangers venant pour un congrès. De plus, ces participants sont susceptibles de venir avec leur conjoint, qui trouverait sur place de quoi se distraire. Je fais remarquer que Disney a l'air de s'intéresser à Perl. En effet, le jour-même, sortait en France un film qui en parle. Comment s'appelle-t-il, déjà ? Perl Monks ? Non, Perl Mongers ? Ce n'est pas ça non plus. Ah oui, c'est Perl Harbor. [ Est-ce vraiment un film Disney ? Lorsque je suis allé voir ce film, j'ai constaté que Disney n'était pas le producteur, ni le distributeur du film. Il figure au générique, mais à une place tout-à-fait secondaire, voire tertiaire. D'autre part, dans le numéro 371 du Fana de l'Aviation (octobre 2000), le film est attribué à Disney. Finalement, la discussion de www.imdb.com fait abondamment référence à Disney. ]
Stéphane fait remarque que les distributions Linux proposent des jeux peu variés. On trouve de nombreux clones de Tétris, mais à part cela, le choix est plutôt restreint. En nous mettant à plusieurs, il serait possible de proposer des jeux, écrits en Perl/Tk par exemple, pour diversifier les possibilités. Certains proposent l'adaptation du pendu ou du jeu de Nim (ou de Marienbad), et d'autres signalent qu'avec use Game::Cards, une partie du boulot est déjà faite pour les jeux de cartes. David évoque la possibilité de programmer la stratégie optimale de ces jeux avec des traitements reposant sur des graphes. Pour bien montrer que j'ai tout compris, je suggère donc d'adapter l'algorithme de la bataille. Philippe rappelle que pour jouer au pendu, il suffit de faire planter le kernel d'Open-BSD, et on a alors la possibilité de jouer au pendu avec la table des symboles du noyau.
Stéphane suit d'assez près les discussions sur Perl 6. Il regrette l'absence de certaines améliorations. Par exemple, Unicode sera utilisé, mais uniquement pour les chaînes de caractères. Il n'est pas prévu de définir des fonctions utilisateur dont le nom comporte des caractères Unicode. Stéphane aurait bien voulu utiliser U+22C2 et U+22C3, je pense pour définir l'intersection et l'union de deux listes.
Il parle également des attributs. (Rappel : une variable est l'association entre un cotnenant, le nom et un contenu, la valeur) Lorsque l'on définit un attribut sur une variable, cet attribut peut porter aussi bien sur le contenu que sur le contenant. Un attribut sur le contenant sera statique et défini lors de la phase de compilation, tandis qu'un attribut sur le contenu sera dynamique et pourra varier lors de la phase d'exécution. J'avoue que je ne suis pas d'aussi près ces discussions. J'avais bien chargé les articles Perl 5+i, de Damian Conway, pour le lire à tête reposée. Mais j'avoue que j'ai craqué. En fait, ce qu'il manque dans Perl 5+i, c'est un ordre de lecture conseillé, pour aborder progressivement la question. C'est pour cela que les Apocalypses de Larry sont plus abordables.
L'une des raisons pour lancer le développement de Perl 6 était le fait que les sources étaient de plus en plus difficiles à comprendre, donc à corriger. En fait, une personnalité des P5P (vraisemblablement Gurusamy Sarathi) a pris la résolution de mettre des commentaires dans les sources. Stéphane, qui de longue date s'intéresse à toke.c, peut témoigner du changement.
Philippe a trouvé un nouveau sujet de recherche obfuscatoire : écrire un JAPH, comportant une expression rationnelle avec le nombre le plus élevé possible de modificateurs /e (évaluation de la chaîne de substitution). Philippe espère arriver à mettre une cinquantaine de /e.

Un autre sujet sur lequel il se penche, c'est l'opérateur .. en contexte scalaire, et surtout sa variante ... à trois points. Plutôt que de paraphraser Fido ou Amelia, je vous donne un petit programme qui servira de base à vos expérimentations.

while (<DATA>)
  { print if /^a/../z$/ }

__DATA__
  pas affichée
a la première affichée dans le premier bloc
  encore imprimée
  dernière imprimée pour le premier bloc     z
  rien
  re-rien
a bloc avec une seule ligne, ou plusieurs lignes ?       z
  invisible avec deux points, imprimée avec trois points
  idem, et fin du bloc z

Jean-Michel sait comment aborder un programme obfusqué. On commence par le soumettre à B::Deparse, ce qui éclaircit un tant soit peu sa syntaxe. Mais Philippe lui répond que dans certains cas, la première ligne contient du code qui fait planter B::Deparse.
La série des $A++ continue toujours, à un rythme un peu plus lent. Philippe avoue qu'il n'a pas mis à jour la page correspondante depuis plusieurs mois. En relisant la page, quelqu'un a constaté que certaines solutions assez simples sont absentes. Par exemple, $A -= -1. En fait, certains étaient déjà passés à l'étape supérieure, en obfusquant le -1. Par exemple, Stéphane et moi avons pondu :
```
$A -= system malfunction;
$A -= exp(i * pi);
```
Philippe tente de nous expliquer comment il met à jour la page $A++. Le programme de génération doit parcourir tout le courrier archivé de Philippe, et extraire les $A++. Le problème est que le programme doit également extraire la date correspondant à ce morceau de code. Pour ce faire, Philippe utilise une regexp gigantesque, mais je ne sais pas si elle est capable de traiter tous les cas.
L'association : au cours du mois qui s'est écoulé, Briac m'a transmis les statuts au format POD, et je les ai convertis en L^AT_EX. La conversion en soi a été rapide et sans surprise : un petit coup de pod2latex, puis l'insertion d'une demi-douzaine de lignes au début du document, et d'un \end{document} à la fin. En revanche, il a fallu que je relise pour détecter et corriger les fautes de frappe, du genre "évnement", ou bien le titre de paragraphe incongru NAME. David (devinez lequel) a signé les statuts, et Jicé les a lus attentivement, pour les comparer avec ceux, beaucoup plus laconiques, de son association.
Et l'on reparle du TLD .pm. Pour pouvoir obtenir un nom de domaine avec ce TLD, il faut être implanté à Saint-Pierre-et-Miquelon. Je rappelle qu'il y a quelques années, il était possible d'effectuer des investissements outre-mer, et que cela procurait des avantages fiscaux. Peut-être est-il possible de faire d'une pierre deux coups ? Yann (je crois) signale qu'il existe des sites permettant de créer des TLD exotiques ou humoristiques, qui ne sont pas prévus par les autorités. Enfin, eux ils disent "génériques", ça fait moins péjoratif. Et pour utiliser ces TLD, il suffit de spécifier que le DNS utilisé est le leur, à la place de celui de votre ISP.

Informatique

Stéphane ayant apporté à Philippe un livre sur NeWS, il en vient à parler de l'histoire de l'informatique, de la naissance d'UNIX et de celle de Sun Microsystems, etc. De cet exposé dense, j'en ai retenu :
- Unix a été créé par des personnes d'ATT, pour tuer le temps lors d'une période où elles n'étaient pas affectées à un projet particulier.
- ATT a eu du mal à diffuser Unix initialement, pour des raisons liées à la loi anti-trust.
- Du coup, c'est grâce à Berkeley qu'Unix a eu une large diffusion.
- La séparation entre l'Unix d'ATT et celui de Berkeley est la raison pour laquelle il existe deux types d'IPC (communications inter-processus). Il y a les IPC-system V, d'ATT, pour permettre de communiquer avec les processus situés sur la même machine avec des FIFO, des sémaphores et de la mémoire partagée. Et il y a les IPC-BSD, qui servent de base aux protocoles réseau (sockets, notamment). Cela dit, de nos jours, tous les Unix proposent les deux types.
- C'est Sun qui a créé Java (c'est assez bien connu) et c'est également Sun qui a inventé le Plug-n-Play (c'est moins connu). Au début, on avait d'ailleurs tendance à dire Plug-n-Pray.
- Le système de fenêtrage NeWS est basé sur Postscript. Donc, dès le début, il était capable de faire ce que X11 a mis longtems à faire : des rotations, des fenêtres qui ne sont pas rectangulaires, etc.
- En revanche, là où ils n'ont pas été à la hauteur, c'est lorsqu'ils ont considéré que les textes n'auraient jamais besoin de contenir autre chose que de l'ASCII 7 bits.
- Parmi les visions futuristes des gens de Sun, il y avait notamment la possibilité de mettre des logiciels d'auto-test dans les véhicules, logiciels capables de transmettre leurs résultats au logiciel de stock du garagiste habituel, de sorte que lorsque la voiture irait en révision, toutes les pièces de rechange seraient disponibles immédiatement. Une telle démarche va à l'encontre de la philosophie de la FSF, selon laquelle on doit être libre de commander les pièces détachées de la marque que l'on veut, chez le garagiste que l'on veut, et que l'on peut même être libre de ne pas réparer son véhicule.
- Cygnus est la première boîte à avoir pensé que l'on pourrait gagner de l'argent tout en travaillant dans le domaine du logiciel libre.
- Leur premier produit était une adaptation de gcc pour créer des logiciels embarqués, domaine où auparavant les développement se faisaient forcément en assembleur.
- Stéphane a failli travailler pour Cygnus. Mais lorsqu'il a rencontré quelqu'un qui lui a proposé de venir chez Cygnus, il ne lui restait plus que 6 mois avant l'expiration de son visa.
Ces anecdotes viennent en grande partie d'un livre, 25 years of Unix ou quelque chose comme cela, qui racontait l'histoire d'Unix de la création à 1995 environ. Cet ouvrage citait Linux à deux endroits, point. Stéphane a prêté ce livre à quelqu'un dont il a perdu la trace, et il doute fort de récupérer son livre...
Lorsqu'il était chez Sun, Stéphane a appris qu'il existait du Postscript orienté objet. Également, à cette époque, il a constaté que le shell n'est pas fait pour le calcul arithmétique. En effet, quelqu'un de chez Sun avait fait un script shell qui incrémentait une variable dans une boucle. Et lorsqu'un programme shell incrémente une variable, il forke un processus expr pour faire ce calcul. Si ça arrive dans une boucle...
C'est à cette époque, et peut-être suite à cet incident, que Stéphane a cherché autre chose pour faire des calculs. Et ses recherches lui ont permis de découvrir Perl 1 (ou 2 ?) et les expressions rationnelles. C'est toutefois seulement à partir de Perl 4 qu'il a fait de la programmation Perl à forte dose.
Suite au message long et dense "Programmation, de l'art ou du cochon ?" que Stéphane a envoyé sur la liste, nous évoquons l'influence du langage sur le mode de pensée. C'est valable aussi bien pour les langues naturelles (comme le Japonais vis-à-vis du groupe qui comporte, entre autres, le Français, l'Anglais et l'Allemand), que pour les langages informatiques (impératifs, déclaratifs, fonctionnels, orientés objet, langages à contrainte).
Stéphane regrette que les langages de programmations soient inadaptés pour faire des calculs mathématiques, par exemple du calcul tensoriel. Je lui fait remarquer qu'il y a deux langages de programmation qui ont commencé par être une nouvelle notation mathématique avant d'être repris en informatique : Lisp et APL. Et, à mon avis, APL est tout-à-fait adapté au calcul tensoriel.
Dans la guerre sainte KDE contre Gnome, Jean-Michel se range du côté de Window Maker. D'autre part, lorsqu'il est sous X11, son écran ne comporte que quelques Xterms. Aucun dock, aucun panneau, aucun gadget de la sorte.
La discussion a porté sur les éditeurs de texte utilisés. Certains utilisent plusieurs éditeurs différents, comme Gnotepad ou Kedit, en prenant l'habitude d'utiliser tel éditeur pour telle tâche, et tel autre éditeur pour telle autre tâche. Moi, je n'utilise que Emacs (ou alors vi, mais pas souvent). On me répond que la prise de connaissance d'Emacs est assez longue, plusieurs mois. Soit, mais pour un usage simple, il suffit de quelques journées pour apprendre les commandes de base.
Le mois dernier, Stéphane était un farouche défenseur de Mutt. Mais après réflexion, il préfère maintenant un logiciel simple qui permet les manipulations essentielles. Donc, pour le courrier électronique, il a adopté Kmail (se prononce "camel", mais cela n'a rien à voir avec la mascotte d'O'Reilly et de la communauté Perl). [ Et depuis, après avoir essayé un peu plus à fond, il n'est plus aussi laudatif vis-à-vis de Kmail. À suivre. ]
David (le débutant avec une cravate) trouve que les distributions Linux ne sont pas adaptées à l'utilisateur novice. Les procédures d'installation de Windows permettent d'installer Windows sans trop avoir à réfléchir, tandis que, pour installer Linux, il faut avoir une connaissance suffisante de son système, et il faut comprendre ce qui se passe si l'on veut configurer correctement son système.
Dans le même ordre d'idée, Stéphane évoque Nautilus. Le programme d'installation de ce logiciel impose le remplacement du desktop courant par le sien. Pour un utilisateur aguerri comme Stéphane, ce n'est pas trop gênant, car il comprend qu'il n'y a qu'une couche superficielle qui est touchée, et qu'il n'y a pas de modification en profondeur du système. À l'inverse, prenons le cas du père de Stéphane. C'est quelqu'un d'intelligent et cultivé, mais, cela fait relativement peu de temps qu'il utilise un PC. Pour une telle personne, la mise à jour du desktop change la seule image précise qu'il a de sa machine. Il pourrait donc en tirer la conclusion que l'installation a tout cassé.
David (le fondateur-président) a lui aussi évoqué son père, mais à un autre sujet. Là-bas, en Australie, les communications locales sont gratuites, et en règle générale, chaque foyer dispose de deux ou trois lignes téléphoniques. Du coup, chaque soir, le père de David lance le téléchargement d'un fichier MP3 sur son modem à 33.6 kbps, et va se coucher. Le matin à son réveil, il récupère le fichier. Rien de tel chez les parents de Stéphane. En France, les communications, même locales, sont payantes, et les parents de Stéphane n'ont qu'une seule ligne téléphonique, et pas de téléphone cellulaire.
Lorsqu'Emmanuel et Frédéric sont arrivés, Emmanuel transportait une VT100 emballée dans un sac poubelle. Cette VT100 aurait dû aller à la casse, mais Philippe a signalé qu'il saurait l'utiliser. En effet, lorsque sa copine passe la soirée chez lui, ils peuvent partager la machine, elle travaillant avec X-Window sur l'écran central, et lui utilisant un terminal passif, avec terminal pour faire du multi-session s'il a besoin. Il raconte également la nuit qui a précédé la remise des copies pour l'OPC 4 ou 5. Pendant qu'elle dormait du sommeil du juste dans la pièce principale, il avait tiré une ligne jusqu'à un coin reculé de l'appartement, et il a travaillé sur le terminal de minuit à 4 ou 5 heures du matin pour remettre sa contribution à temps.
La VT100 a rappelé le film Electric Dreams à certains. Dans ce film, le héros humain renversait du champagne sur le clavier de son ordinateur personnel, et cet accident avait pour résultat de rendre son ordinateur intelligent et conscient. Plus tard, l'ordinateur devenait même amoureux de l'occupante de l'appartement voisin. Pour finir, l'ordinateur se suicidait avec une décharge électrique.
Pour rassurer un collègue, l'un des Perl Mongueurs a lancé tcpdump et visualisé les paquets d'une session ssh pour lui montrer que c'était crypté. Je ne sais pas si le collègue a été convaincu, car il a vu que le numéro de version de ssh passait en clair.
Dans Windows-CE, les mots de passe sont cryptés. Mais quelqu'un a découvert que le cryptage n'était ni plus ni moins qu'un xor avec les caractères "susagepsusagepsusagepsusagep..." (susagep vient de Pegasus, le nom provisoire de Windows-CE lors du développement).
Une autre utilisation de tcpdump : là où travaillent Emmanuel et Frédéric, il y a un réseau avec 20 machines, dont une qui tourne sous Windows 2000. Cette machine représente donc 5 % du réseau, mais 15 % du trafic sur le réseau. Philippe nous mime la machine, qui passe son temps à dire "Je suis là !", "Houhou, y'a quelqu'un ?", "Quelqu'un a-t-il quelque chose à me raconter ?"...
Un éditeur de logiciel a diffusé sur le marché un CD-ROM qui comportait un trésor caché (ou un oeuf de Pâques si vous préférez), mais de façon involontaire. La procédure de fabrication du CD-ROM était mal paramétrée, et le CD-ROM comporte donc des images cochonnes avec un cryptage léger. L'éditeur a lancé un avis pour un échange standard de ces CD-ROM avec des CD-ROM "corrects", mais il n'a pu récupérer ainsi que 2 % des CD-ROM vendus. En revanche, des procédures de crackage ont circulé sur Internet, et elles expliquaient comment faire apparaître ces fichiers. Ces procédures ont eu beaucoup plus de succès que l'appel pour l'échange standard et sans frais du CD-ROM.
Une bonne nouvelle là où travaille David (celui qui n'a pas de cravate). La salle machine, où il fait au minimum 30 degrés, va être climatisée ! [ Pourtant, cela devait te rappeler le pays, non ? ]

Autres sujets

Comme il nous l'avait promis, Stéphane nous a apporté un autre livre Mots d'heures : gousses, rames, contenant les traductions phonétiques de comptines anglaises. Par exemple, Humpty-Dumpty donne "Un p'tit d'un p'tit". Il a également apporté la version originale Mother Goose Rhymes, pour faciliter la comparaison. Kai et Birgit ont pu feuilleter avidement ce recueil de comptines (heureusement pour Birgit, car elle n'est pas vraiment intéressée par Perl et l'informatique).
Je fais remarquer que le fait que les comptines ont pu être traduites peut, dans certains cas, ne pas être le fruit du hasard. Je fais le rapprochement avec un livre de Karl Menninger que j'ai lu il y a de nombreuses années. Ce livre a pour sujet les numérations (chiffres arabes, chiffres romains, et autres systèmes). Mais à l'inverse de l'historien Georges Ifrah ou de la mathématicienne Geneviève Guitel, Karl Menninger est un linguiste, et son livre accorde une part importante à l'étymologie des nombres. C'est ainsi qu'il nous donne la traduction de "dix" et de "cent" dans toutes les langues indo-européennes, et qu'il fait remarquer ainsi les dérivations dans la branche indienne et dans la branche européenne. Il y a dans ce livre un chapitre consacré aux comptines anglaises, et dans ce chapitre, Menninger montre comment certaines comptines avec des mots du genre "am stam gram", sans signification en Anglais, reprennent en fait des énumérations "un deux trois" de l'ancien Français, ou du Germain, ou du Norrois. Donc, par analogie, peut-être le nom Humpty-Dumpty a-t-il réellement pour origine "un p'tit d'un p'tit".
Des comptines, nous sommes passés aux émissions pour enfants. Kai a revu Chapi-Chapo avec des yeux d'adulte, et il y a découvert un style dont il n'avait pas conscience lorsqu'il était enfant. Également, dans le Manège enchanté, les enfants ne prêtent pas attention à l'accent british du chien Pollux, chose à laquelle nous sommes sensibles maintenant. Il a été question aussi des Shadoks (narrateur Claude Piéplu), mais je trouve que c'est de l'humour basé sur l'absurde, donc difficile à faire passer auprès des enfants, et qu'en fait le public visé était le public adulte. Cela dit, il y a trente ans, même si je ne comprenais pas tout, j'aimais bien. Mais mon père n'aimait ni le dessin animé ni le narrateur, et du coup je n'ai pas eu souvent l'occasion de regarder ce dessin animé.
Tel le serpent de mer, le sujet des plaques d'égout émerge de temps en temps. Lors de la réunion, Philippe en a parlé, en utilisant l'expression "forme géométrique à diamètre constant". David n'a pas compris, car pour lui, le diamètre se définit par :
la distance maximale d(A, B), A et B étant deux points quelconques de la forme géométrique.
Donc, à quoi rime cette précision "à diamètre constant", puisqu'il n'existe qu'une valeur pour la forme géométrique ? Dans l'un des sites parlant de ce sujet, la définition du diamètre est légèrement modifiée :
le diamètre relativement à l'angle théta est la distance maximale d(A, B), A et B étant deux points quelconques de la forme géométrique, alignés sur une droite qui forme un angle théta avec l'axe des X.
Par exemple, pour un carré dont les côtés sont de longueur 1, et horizontaux ou verticaux, le diamètre relatif à l'angle 0 ou à l'angle 90 est 1 (la longueur du côté), tandis que le diamètre relatif à l'angle plus ou moins 45 degrés est 1,4142 (la longueur de la diagonale). Si l'on prend cette définition, où le diamètre est fonction d'un angle, le diamètre d'une plaque d'égout doit être une fonction constante.
David, notre président fondateur, a pris un coup de vieux récemment. À cette occasion, sa soeur lui a offert un casse-tête constitué d'une dizaine d'hexagones, chaque hexagone comportant un trait jaune, un trait rouge et un trait bleu. Le casse-tête consiste à prendre 3 pièces, puis 4, puis 5, et à chaque fois les assembler pour dessiner une boucle fermée de la couleur demandée.
Il a également reçu un jeu aborigène, qui est une variante du Tic-tac-toe. Lors des six premiers coups, à tour de rôle, les joueurs marquent une case à leur couleur avec un coquillage. À partir du septième tour, ils n'ajoutent pas une quatrième ou une cinquième marque, ils déplacent l'une des trois marques présentes sur le tableau. Le but est d'aligner trois marques, comme dans la version de base.
Jean-Michel évoque un jeu sur papier quadrillé : le foot-ball. Mais je n'ai quasiment rien entendu des règles, donc il m'est impossible d'en dire plus.
En revanche, j'ai retenu celles du Strip-bataille navale qu'a présenté Philippe. Les règles sont semblables à celles de la bataille navale, mais le nom et la forme des navires changent. On a par exemple la situation suivante :
```
 . . . . . E E . . . . . . . .
 D . . . . E . . . . . . . . .
 D D . . . . . . . . B B B . .
 . . . . . . . . . . . B . . .
 . . . . A A A . . . . . . . .
 . . . . A . . . . . . . . F .
 . . . . A . . C . C . . . F .
 . . . . . . . . C . . . . . .
```
Les navires s'appellent :
- A : pantalon
- B : chemise, chemisier ou pull
- C : t-shirt ou soutien-gorge
- D et E : chaussette ou bas
- F : slip
Et chaque fois qu'un navire est coulé, le joueur doit enlever le vêtement correspondant. Certains cas de figure réclament un peu d'agilité : "Il a coulé mon slip ! Mais mon pantalon flotte toujours..."
Par association d'idée, quelqu'un évoque le strip-baby-foot, où chaque but encaissé se traduit par la perte d'un vêtement, mais sans spécifier d'ordre particulier.
À un moment, le serveur du bar a apporté des bières, mais il n'avait pas de décapsuleur. Certains lui ont suggéré de décapsuler la bouteille avec ses dents. J'ai signalé qu'il existe une façon encore plus macho de décapsuler une bouteille, qui consiste à utiliser les dents de quelqu'un d'autre. [ Voir Hogfather, un roman de la série Discworld de Terry Pratchett. ]
De fil en aiguille, nous avons parlé du film American History X, où un personnage casse les dents d'un autre, scène qui a choqué ceux qui l'ont vu, et même aussi certains qui n'ont pas vu le film, mais à qui on a simplement raconté la scène. Puis nous avons évoqué Deliverance, que Stéphane a vu quand il était tout jeune. Il avait été choqué par la "scène du cri du cochon" (ceux qui ont vu le film comprendront). Ce film est également connu pour l'air de musique Duelling Banjos, qui provient d'une scène où l'un des héros, avec sa guitare, essaie de rivaliser avec un simple d'esprit, virtuose du banjo.
Philippe n'ayant pas d'argent liquide sur lui, il comptait payer avec sa carte bancaire. Je lui dis de faire attention, car j'ai lu un article inquiétant dans le Forum des risques technologiques. L'auteur, un néerlandais, racontait qu'il était venu avec sa famille passer quelques jours en France, et qu'à cette occasion, ils avaient pris un repas dans un restaurant tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Mais la somme prélevée sur son compte correspondait plutôt au tarif d'un restaurant grand luxe. Il s'était passé ceci : pour son repas et ceux de ses proches, le restaurant lui avait fait une note de 560 FRF, et avait tapé ce montant sur le terminal de carte bancaire. Ensuite, quelqu'un (lui ou le restaurateur), avait tapé sur la touche jaune, en croyant qu'il s'agit d'une touche de correction. Or, depuis quelque temps, l'effet de cette touche est de sélectionner l'euro, sans conversion. Ou si vous préférez, avec un taux de change de 1 EUR pour 1 FRF. Et son compte a donc été débité de 560 EUR. David (celui qui porte une cravate) signale que la même mésaventure est arrivée à sa tante, qui a acheté un téléphone portable valant 600 FRF, et a donc déboursé 600 EUR.
Le cas d'EDF est intéressant aussi. Ils ont décidé d'envoyer des factures en euros. Rien à signaler pour ceux qui paient par TIP ou par prélèvement. En revanche, ceux qui paient par chèque ont eu l'heureuse surprise d'avoir un montant nettement inférieur à ce qu'ils attendaient. Donc, ils ont payé, mais ils n'ont surtout pas fait de réclamation, c'est bien naturel. Et un peu plus tard, ils ont eu une lettre d'EDF, leur expliquant que si le montant était beaucoup plus faible qu'habituellement, c'est qu'il était exprimé en euros. Donc, le paiement était incomplet, et il fallait payer la différence. Cet incident rejoint le deuxième article du Néerlandais ci-dessus, dans lequel il expliquait que le passage à l'euro n'engendrerait pas de confusion en Espagne, au Portugal ou en Italie, car les montants varient d'un facteur 166 ou plus selon qu'ils sont exprimés en ancienne ou en nouvelle monnaie. En revanche, en Irlande, en Allemagne et aux Pays-Bas, où le taux de conversion est inférieur à 2, les incidents et les confusions sont inévitables.