Un peu de science-fiction

Un historique de toutes nos réunions

Table des matières

mercredi 9 septembre 2020

La voix du secrétaire (Jean)

Présents à la réunion, en fonction de la disposition autour de la table :

Laurent (B),
moi,
Laurent (R),
Emmanuel,
et Sébastien.

Nous avons mangé des nems au poulet, des ravioles, de la saucisse au couteau avec soit de la purée, soit des frites, une entrecôte et des fondants au chocolat. Nous avons bu un mojito, un cocktail Diderot, de l'Orangina, de la bière (Chouffe et une autre marque), du rosé et du café.

Nous avons parlé de Perl, Internet informatique et points divers.

Perl

La date et le lieu pour les Journées Perl sont définis. Cela aura lieu à la Fondation pour le Progrès de l'Homme le 31 octobre prochain. Il reste à définir le contenu. Laurent (R) a accepté d'animer un atelier pour la découverte de Raku.
Un changement de date, celui des réunions en ligne. Elles auront lieu le premier mercredi du mois, au lieu du premier lundi. À moins que, dans les prochains jours, une avalanche de messages arrive sur la liste adhérents pour indiquer que cette nouvelle règle ne convient pas aux habitués. Cela dit, les habitués étaient en grande partie présents à la réunion du mercredi 9, donc il y a peu de risques que cette nouvelle règle soit invalidée.
Lors de l'AG, Sébastien D avait suggéré de réaliser des vidéos de présentation de Perl. Il était sorti de la discussion que cela nécessiterait beaucoup d'efforts. Emmanuel a pensé à une autre possibilité : pourquoi ne pas prendre une vidéo déjà existante (en anglais) et y ajouter des sous-titres ?
Nous avons commenté le passage de Perl 5 à Perl 7. En fait, ce changement de version est justifié uniquement par des raisons de marketing, comme cela a été le cas pour le passage de Perl 3 à Perl 4 et peut-être quelques autres. En revanche, le passage de 4 à 5 a eu lieu à l'occasion d'une réécriture complète de l'interprêteur, avec de nombreuses nouveautés : la déclaration de variables vraiment lexicales avec my (avant, on ne disposait que de local) la possibilité de définir des références (avant, il n'existait que $_ dans les boucles et @_ dans les sous-programmes), grâce à cela, la possibilité de définir des structures de données multi-niveau (avant, il fallait utiliser la variable $; pour bidouiller un ersatz de structure multi-niveau) et un modèle objet...
Le passage direct du numéro 5 au numéro 7 dérange certains, car cela fait trop penser à l'évolution de PHP5 à PHP7 à l'occasion de l'abandon de PHP6. En ce qui concerne Perl 6, il n'y a pas eu d'abandon de Perl 6, mais un renommage.
Moins polémique, nous avons évoqué les numéros de version mineurs. Jusqu'à Perl 5.005, les numéros mineurs étaient séquentiels. Avec la version 5.6, il a été décidé d'avoir d'un côté la version stable avec un numéro mineur pair et de l'autre côté la version de développement avec un numéro mineur impair. Ainsi, la version 5.7 était développée en même temps que la version stable 5.6 et était destinée à préfigurer la version stable 5.8. C'est à cette occasion que les P5P ont mis en place des règles pour permettre la suppression de fonctionnalités à travers un processus de dépréciation parfaitement défini.
Nous avons parlé de Module::Signature, un module dont le but était de permettre aux auteurs de modules CPAN de signer leurs modules avec un condensé MD5, SHA256 ou similaire, comme ce qui se fait pour les paquetages des distributions Linux. Ce module a été très peu utilisé. Mais pour les quelques modules qui l'utilisent, il fallait l'installer, ainsi que de nombreux modules de cryptographie dont l'installation n'était pas toujours sans problèmes. De plus, comme ce module a été pendant un certain temps un prérequis de Module::Build, cela a contribué au déclin de Module::Build.
Sébastien a eu récemment une requête pour installer un module permettant de générer des mots de passe, Crypt::HSXKPasswd. Ce module, comme Crypt::XkcdPassword, se base sur les idées de Randall Munroe pour générer des mots de passe, ainsi que cela a été décrit dans xkcd.

Internet

Nous avons essayé d'évaluer de tête, sans antisèche, l'entropie des mots de passe avec la méthode de Randall Munroe. Ainsi que l'explique Laurent B, la langue française comporte environ un million de mots, mais les dictionnaires se contentent d'en lister dans les 80 000. Cela donne 16,3 bits par mot soit 65 bits pour 4 mots. Sébastien voyait plutôt un lexique de 12 000 mots, soit 13,5 bits par mot et 54 bits pour le mot de passe [ calculs effectués lors de la rédaction du compte-rendu, pas pendant la réunion ]. Mais dans l'antisèche mentionnée ci-dessus, il est rappelé que Randall Munroe se base sur une liste de 2048 mots, ce qui fait 11 bits par mot et 44 bits pour le mot de passe.
Remarquons une différence notable entre xkcd et un autre monument de la BD geek sur Internet : Dilbert. Ainsi qu'on vient de le voir, certains programmeurs se sont inspirés de xkcd pour écrire des programmes sérieux ou supposés tels. En revanche, personne ne s'est inspiré de Dilbert pour produire des programmes sérieux (les programmes humoristiques étant exclus de la discussion).
Quelqu'un, un hébergeur Internet ou similaire, (Github ? autre ?) a écrit que https est mieux sécurisé que ssh. Paradoxal, non ? En fait, l'argument est que l'hébergeur maîtrise son infrastructure, mais pas celle de ses abonnés. Il n'a donc aucune certitude que les clés privées de ses abonnés soient correctement protégées contre les fuites. Alors que pour https, il sait parfaitement comment sont organisés son installation et son réseau.
De la même manière, il faut relativiser la consigne imposant de ne jamais stocker en clair un mot de passe sur un serveur. Lorsque le serveur est protégé par quatre couches de sécurité successives, cela ne sert pas à grand chose d'en ajouter une cinquième en s'abstenant de stocker le mot de passe. Et de la sorte, il est plus facile de faire démarrer les services installés sur ce serveur, cela peut se faire avec un script qui n'attend aucune saisie de l'opérateur.
Certains, parmi ceux qui ont un compte Facebook, ont reçu une invitation de Will the Chill (Will Braswell) pour être son ami sous Facebook. Je ne sais pas si c'est le cas pour moi, car cela fait des années que je ne me suis pas connecté à mon compte Facebook. J'ai dû être « actif » pendant deux ou trois ans après avoir ouvert mon compte. Et je mets des guillemets à « actif » car mon temps total de connexion pendant ces trois ans doit être de l'ordre d'une demi-heure. Laurent (B) prétend qu'il lui suffit d'un quart d'heure pour accumuler trente minutes de connexion.
Si je ne me connecte jamais à Facebook, en revanche depuis quelques semaines j'ai souvent affaire à des pourriels venant de « facebookmail.com ». Ces messages se terminent par
```
  L'annonceur ne gère pas votre abonnement. 

  Si vous ne recevez plus la communication qui va se flétrir et que vous la recevez, vous pouvez vous désinscrire ici

  Ou écrivez à : PO Box 7775,,PMB 78292, San Francisco, California , 94120-7775
```
J'avoue que cette ligne parlant de flétrissement me laisse perplexe. Habituellement, lorsque je lis de l'anglais mal traduit, j'arrive à retrouver la phrase originale et à comprendre le véritable sens. Mais là, je n'ai aucune idée de ce que pouvait être la formulation originelle.
Cela a rappelé à Laurent (R) une anecdote assez ancienne. Lors d'une exposition ou d'un salon, il était tombé sur un stand proposant des outils de traduction automatique. L'ami qui l'accompagnait s'était assis devant le clavier de l'appareil de démo et avait tapé :
Time flies like an arrow.
Réponse de la machine :
Les mouches du temps aiment une flèche.
Depuis, cette phrase est devenue un grand classique de la traduction automatique et maintenant, si l'on va sur la page web de Google Translate et que l'on tape
Time flies
la première suggestion de complétion est :
Time flies like an arrow.
Remarquons qu'il existe encore une autre traduction,
Chronométrez les mouches ressemblant à une flèche.

Informatique

Une nouvelle récente risque d'avoir de grosses conséquences à l'avenir. Quelques pilotes de périphériques pour Linux ne sont plus programmés avec seulement C et un peu d'assembleur, mais on y trouve des passages écrits en Rust. Pour l'instant, cela ne concerne que quelques pilotes, mais ultérieurement, cela pourrait être étendu à des fonctions plus centrales du noyau.
C'est juste une étape de plus dans la « ringardisation » de Go par Rust. Il y a eu l'annonce de Discord, expliquant que pour des problèmes de performances, ils avaient réécrit en Rust le programme pilotant leur site web, écrit à l'origine en Go (Sébastien en a déjà parlé et j'en ai déjà rendu compte). Il y a eu aussi un exposé à un FOSDEM récent où le créateur de Rust expliquait que les langages de programmation passaient par diverses étapes de façon cyclique et que Go et Rust étaient sortis à un moment où la tendance était revenue à des langages compilés, après la grande vogue des langages dynamiques. L'auteur de Rust ne cherchait pas à prétendre que son langage était supérieur aux autres, il cherchait juste à dire que son langage était dans la tendance du jour. Sébastien en a déjà parlé, mais je n'ai pas réussi à retrouver la trace de cette présentation. Pour en revenir aux déboires de Go, signalons que Go a été pendant un certain temps pénalisé par le fait que c'était un langage pas vraiment libre, sous license Google.
Avec Perl, nous sommes habitués à utiliser des modules provenant de CPAN, souvent plusieurs dizaines pour un même progamme. C'est pire avec JavaScript, pour lequel un programme peut charger plusieurs centaines de modules. Ce que je n'ai pas bien compris lors de la discussion, c'est le mode de chargement des modules. Sont-ils installés statiquement sur la machine de l'utilisateur a priori pour toujours, au moins jusqu'à ce que l'utilisateur fasse du ménage et lance la désinstallation des modules qui ne l'intéressent pas ? Ou bien les modules sont-ils chargés dynamiquement sans intervention de l'utilisateur, puis enlevés une fois la tâche terminée ?
Il y a une différence importante entre CPAN et npm, le dépôt centralisé des modules Javascript. CPAN est une communauté sans existence juridique, tandis que npm est un service assuré par Npm. inc. Certes le site web de CPAN et les miroirs sont hébergés sur les machines de sociétés privées, mais ces sociétés n'exercent aucun droit sur les modules hébergés. En est-il de même avec Npm. Inc ?
Emmanuel nous l'annonce, Fedora abandonne l'architecture i386. Attention, il s'agit bien de Fedora, pour Red Hat, c'est peut-être différent. Et Sébastien nous annonce qu'Apple abandonne les processeurs Intel pour une architecture ARM. Ce n'est guère que la quatrième architecture qu'ils auront utilisée, après Motorola 680x0, Power-PC et Intel.
Nous avons évoqué RMS et ses visites à l'étranger. Souvent, il est hébergé chez des sympathisants de la FSF et du logiciel libre. La plupart du temps, ces volontaires ne renouvellent pas l'expérience. Peu importent les qualités de RMS en tant qu'auteur de logiciel ou en tant que chef de file du mouvement du logiciel libre, ses manières sont assez frustres et il n'est pas agréable de le côtoyer, notamment au moment des repas. Cela rappelle un peu une opinion sur Ségolène Royal :
Tout le monde adore Ségolène Royal, sauf ceux qui la connaissent.
Je me souviens avoir consulté le site de la FSF et d'être tombé sur un texte où RMS donnait des consignes aux personnes éventuellement intéressées pour l'inviter à une conférence ou pour l'héberger. [ En rédigeant ce compte-rendu, je n'ai pas pu retrouver ce texte. C'est vrai que RMS s'est fait sortir de la FSF il y a peu. Et le site a dû être expurgé depuis. ] Certains participants se souviennent, eux, d'avoir vu un texte analogue pour Eric Raymond.
Là où Emmanuel travaille, la DSI a décidé de renouveler l'équipement individuel. Chaque personne verra son ordinateur portable remplacé par une tablette Surface. Emmanuel a vu à quoi ressemblent ces tablettes et il n'est pas disposé à perdre son portable actuel, avec des dimensions suffisantes et un clavier correct, pour le remplacer par une tablette de dimensions trop réduites pour faire du boulot dans des conditions acceptables. De même, le clavier amovible de la tablette ne lui permet pas non plus de travailler correctement. La qualité du clavier varie d'ailleurs fortement d'un modèle de Surface à un autre, certains étant franchement pourris.
Pour la quasi-totalité des personnes présentes à la réunion, la seule utilisation possible des tablettes est de servir d'écran pour regarder des vidéos sur YouTube. Je dois être la seule personne avec un avis différent. J'ai une tablette, que je n'ai pas payée très cher, vraiment pas cher du tout, puisqu'elle venait en cadeau pour l'abonnement à une revue de mots-croisés. L'une des utilisations de cette tablette est de taper des textes lorsque je suis dans le train, c'est le cas pour une bonne partie de ce compte-rendu, notamment ce paragraphe. Sur cette tablette, j'ai installé entre autres l'application permettant d'accéder au dépôt F-Droid. Avec F-Droid, j'ai installé Termux pour Android, qui est à Android ce que Cygwin est à Windows. Et dans Termux, j'ai installé Emacs. Évidemment, comme une bonne partie de l'écran 8,5 cm × 15 cm est occupée par l'application clavier, il reste très peu d'espace pour la fenêtre Emacs : 7 lignes (et non pas 5 comme je l'ai dit). C'est tolérable pour écrire du texte, mais pas pour faire de la programmation. [ Une autre utilisation importante de la tablette a lieu pendant les conférences TPC pour consulter l'horaire des présentations, qui peut évoluer d'une heure à l'autre. Avec ma tablette 8,5 cm × 15 cm, j'ai plus de confort que ceux qui regardent l'horaire sur leur téléphone. Ou alors, avec OSM AND~, une version hors-ligne d'Open Street Map, je dispose de cartes pour mes déplacements à pied dans des lieux que je ne connais pas. Je précise « à pied », car le temps de rafraîchissement de l'affichage est incompatible avec les déplacements automobiles, même à 20 km/h et en tant que passager indiquant l'itinéraire au chauffeur. D'un autre côté, vu le prix que j'ai payé pour cette tablette... ]

Divers

Juste avant la réunion, Laurent (B) a lu un article concernant le télescope James Webb. Ce télescope spatial sera placé au point de Lagrange L2 du système Terre-Soleil. Ou plutôt, en orbite autour du point L2. Laurent est étonné que l'on puisse mettre un satelite en orbite autour d'un point immatériel. Dans l'article, il est marqué que le problème du point L2 (ou peut-être des points de Lagrange en général) est l'accumulation de poussières inter-planétaires. Dans les deux cas je ne suis pas étonné, car je sais que certains points de Lagrange sont stables : lorsqu'un objet (grain de poussière ou engin spatial) se trouve au voisinage du point de Lagrange avec une vitesse relative pas trop élevée, il aura tendance à rester à proximité de ce point. [ En fait, j'aurais dû être étonné. Les points de Lagrange stables sont les points L4 et L5. Les points L1, L2 et L3 sont instables. Pour rester en orbite autour de L2, le télescope James Webb devra faire des corrections de trajectoire de temps en temps. ]
Ma connaissance des particularités des points de Lagrange vient des deux romans The Integral Trees et The Smoke Ring de Larry Niven. Pour faire bref, ces deux romans se situent dans un système stellaire où des circonstances particulières font qu'il existe une atmosphère respirable tout le long de l'orbite d'une planète et non pas seulement à la surface de cette planète. Le premier roman se passe loin des points de Lagrange, là où les débris à récolter sont rares, là où la population est faible et où la société est plutôt tribale. Le deuxième roman se passe près d'un point de Lagrange, avec plus de débris à récolter (donc de matière première à utiliser pour les fabrications artisanales), avec une population plus dense et de véritables interactions sociales. Voir en annexe une description plus étoffée.
Nous avons évoqué d'autres auteurs de science-fiction, ceux qui réfléchissent et font des calculs avant d'écrire leurs romans tels Arthur Clarke et Isaac Asimov. Un thème récurrent chez Arthur Clarke, au moins dans les romans qui incluent un voyage dans l'espace, c'est que les êtres humains peuvent survivre dans l'espace pendant quelques dizaines de secondes, voire une minute. L'exemple le plus célèbre est la sortie extra-véhiculaire de Dave Bowman, filmée par Stanley Kubrick. Quand on étudie le sujet sur d'autres sources que les écrits d'Arthur Clarke, il est difficile de faire le tri entre le vrai, le faux et l'exagéré sur ce sujet. Outre la privation d'oxygène, un phénomène mis en cause est l'exposition au froid de l'espace, qui gèle instantanément les victimes. C'est exagéré. Les victimes sont effectivement gelées, mais au bout d'un temps plus important que ce que l'on montre dans la plupart des films et la privation d'oxygène a eu le temps de faire effet auparavant. Un autre danger habituellement présenté est la différence de pression. Dans un essai d'Arthur Clarke que je n'ai pas retrouvé, l'auteur faisait remarquer que la différence de pression est beaucoup plus importante pour la plongée sous-marine que pour l'espace inter-planétaire. Laurent a calculé de tête, la différence de pression dans l'espace revient à la différence de pression pour un plongeur à 10 mètres de profondeur, pas plus.
Après avoir évoqué 2001 l'Odyssée de l'Espace, nous avons évoqué les autres romans de la série : 2010, 2061 et 3001. Parmi ces quatre romans, le préféré de Laurent est 2010. Il a lu 2061, qui ne l'a pas marqué. Lorsque je lui ai rappelé que l'année 2061 avait été choisie pour que le roman comporte une mission d'exploration de la comète de Halley, il a avoué qu'il avait oublié ce point. [ De mon côté, j'avais oublié d'autres points importants du roman, comme le détournement d'un astronef vers Europe. Un point partout. ] Quant à 3001, Laurent ne l'a pas lu et ne le lira sûrement pas. En effet, je lui dis qu'on pouvait très bien se passer de ce roman. Et Sébastien l'avait déjà dit à Laurent à une autre occasion.
Aux romans de Clarke, Laurent préfère ceux d'Isaac Asimov. Il mentionne une remarque d'Asimov dans un roman ou une nouvelle que je n'ai pas eu l'occasion de lire. Pour se déplacer dans un lieu clos en état d'apesanteur comme la soute d'un astronef ou le hangar d'une station spatiale, il ne faut pas tenter d'imiter les oiseaux, mais plutôt se baser sur la nage des poissons. Ce n'est pas la seule possibilité. Dans un roman de Clarke, The Sands of Mars, un personnage raconte qu'il lui est arrivé de se retrouver au beau milieu du hangar d'une station spatiale et sans aucune vitesse pour rejoindre l'une des parois. La solution adoptée pour se tirer de cette situation a consisté à se déshabiller complètement et à lancer les vêtements dans une direction donnée, de façon que son corps puisse se déplacer dans l'autre direction (conservation de la quantité de mouvement). Hélas, cela s'est passé au moment précis où le commandant de la station orbitale faisait faire une visite à des invités importants. La carrière du protagoniste s'en était ressentie.
[ Je ne sais pas si Laurent et moi avons discuté du point suivant lors de la réunion. Je vous le livre car il est néanmoins dans la droite ligne du restant de la discussion. ] Revenons à Larry Niven. C'est un auteur de science-fiction, donc ses romans sont de la science-fiction. Normal ? Non, ce n'est pas évident. Il a écrit un roman, Lucifer's Hammer, qui est, selon moi, catalogué à tort comme étant de la science-fiction. Le sujet est l'impact d'une comète sur la Terre. La première moitié du roman raconte les semaines précédant l'impact et la catastrophe à proprement parler. La deuxième partie se passe dans les semaines qui suivent l'impact et s'intéresse à une région où les survivants tentent de survivre et de se réorganiser, sous la conduite d'un sénateur américain, un sujet similaire à Malevil, la menace de la radio-activité en moins. Cela se passe dans les années 1970, avec la technologie de l'époque et, au moins au début, la structure sociale, économique et politique des années 1970. Certes, le roman met en scène deux cosmonautes soviétiques et deux astronautes américains à bord d'une station orbitale, similaire à Skylab et Saliout, mais la présence d'un engin spatial caractéristique des années 1970 ne suffit pas à faire de ce roman un roman de science-fiction. Notons que, pour Malevil, la Wikipedia francophone déclare que
La qualification de science-fiction peut être considérée comme exagérée.
Un autre auteur de science-fiction dont nous avons parlé, c'est Poul Anderson. Il y a longtemps, j'ai lu La Patrouille du Temps. Dans la liste des ouvrages du même auteur, il y avait un roman qui m'aurait bien intéressé, Les Croisés du Cosmos mais je n'avais pas réussi à le trouver. Et il y a quelques semaines, j'en ai découvert un exemplaire sur les rayons de la FNAC. Je l'ai acheté, je l'ai lu et je ne regrette pas du tout.
Nous avons évoqué également le cycle des Heechees par Frederick Pohl. Laurent a lu les romans de ce cycle. Un ancien collègue m'en a prêté trois, ce qui fait que j'ai lu uniquement la Grande Porte (volume 1), les Pilotes de la Grande Porte (volume 2), et les Annales des Heechees, (volume 4), je n'ai pas lu le volume 3, Rendez-vous à la Grande Porte.
Nous avons juste mentionné en passant la Faune de l'Espace de Van Vogt (que je préfère de loin aux deux romans les plus connus de cet auteur : à la Poursuite des Slans et le Monde du A-barre), ainsi que Heinlein, sans titre particulier.
Laurent (R) nous a montré une photo de mariage. On voit la mariée de dos, on ne voit presque pas le marié, mais au moins on voit bien l'officier d'état-civil, Laurent lui-même. En effet, il a célébré son premier mariage depuis qu'il a été élu au conseil municipal de Conflans-Sainte-Honorine. Sur la photo, j'ai plus particulièrement regardé l'écharpe tricolore de Laurent. En effet, j'ai appris il y a peu que les élus municipaux doivent orienter leur écharpe de façon à avoir le bleu du côté du cou et le rouge du côté de l'épaule, alors que c'est l'inverse pour les députés, qui portent le rouge près du cou et le bleu vers l'épaule. J'en ai eu la confirmation avec la photo de Laurent.
Si Laurent n'a pas de problème pour enfiler une écharpe tricolore, ce n'est pas le cas de tout le monde. Il y a eu un reportage du genre « une semaine avec Cédric Villani », diffusé sur une chaîne de télévision pas très regardée. Dans ce reportage, on peut voir Cédric Villani en train de mettre son écharpe. Je n'ai pas vu ce reportage, mais il montre que cela constitue une tâche ardue et longue pour Cédric Villani. À mon avis, c'est dû au fait qu'il a régulièrement affaire à des rubans de Möbius et à des bouteilles de Klein. Non, me répond-on, il travaille dans un autre domaine des mathématiques. Le reportage montre également Cédric Villani allant à pied des Ulis à Orsay et se perdant en chemin dans le petit bois qui sépare les deux communes.
Pour l'un des participants, c'est bientôt le temps des entretiens annuels. Pour moi, c'est fait. À ce propos, les équipes de communication internes ont trouvé un rétro-acronyme pour ces entretiens : LEAD. Ne me demandez pas la signification des quatre lettres, je ne l'ai pas retenue et elle n'a pas d'importance. Toujours est-il que la comm' interne fait rimer cet acronyme LEAD avec Euclide. Mais ont-ils pensé que cela pourrait tout aussi bien être LEAD rimant avec Tolède et que l'on pourrait ainsi dire que c'est quelque chose de pesant et toxique ?
Puisqu'il était question de saturnisme, Laurent (B) raconte que ce mot lui évoque un défilé d'animaux avec un gentil caneton tout jaune et une méchante belette. J'ai été un peu surpris que Laurent connaisse cette série télévisée qui, pour moi, évoquait plus la période correspondant à mon enfance qu'à celle de Laurent.

Annexe : l'anneau de fumée

Le cycle de l'anneau de fumée comporte non seulement les deux romans déjà cités, The Integral Trees et The Smoke Ring (un seul volume pour les deux romans, éditions Del Rey, ISBN 0-345-46036-7) mais également une nouvelle, The Kiteman et une notice explicative, parues dans le recueil N-Space (Larry Niven, éditions Orbit, ISBN 1-85723-003-5). Je vais résumer ci-dessous cette notice explicative. Cela ne vous gâchera en rien la lecture de la nouvelle et des deux romans, je dirais même que ce résumé vous permettra de mieux comprendre et mieux apprécier les romans.
Tout a commencé par une conférence au JPL à laquelle assistait Larry Niven. Il était question de Titan le plus gros satellite de Saturne et de son atmosphère. L'atmosphère de Titan est dense, nettement plus dense que ce que permet la masse de Titan. Avec ses 1,34×10²³ kg, Titan devrait rapidement perdre son atmosphère. En fait, c'est bien ce qui se passe, les molécules de gaz quittent le « puits gravitationnel » de Titan, mais en même temps d'autres molécules sont captées par Titan. L'énergie cinétique des molécules qui quittent le puits gravitationnel de Titan est insuffisante pour quiter l'autre puits gravitationnel, celui de Saturne. Les molécules de gaz restent en orbite autour de Saturne jusqu'au moment où elles sont réabsorbées par l'atmosphère de Titan. Donc non seulement il y a une atmosphère dense à la surface de Titan, mais en plus il y a un tore de gaz, un « anneau de fumée », le long de l'orbite de Titan.
La pression du gaz à l'intérieur du tore est trop faible pour abriter la vie. En faisant varier les valeurs numériques des paramètres, en remplaçant Saturne par une étoile à neutrons et Titan par une géante gazeuse, on peut arriver à une situation où la pression du gaz est voisine de notre pression atmosphérique. Vous avez ainsi un monde où le poids n'a plus l'importance déterminante qu'il a sur notre Terre, un monde où tout est en état d'apesanteur. Tout ce qui flotte dans l'air est soumis principalement à l'action des vents et des courants d'air. La gravitation a une influence marginale, consistant à favoriser l'accumulation des objets au voisinage des points L4 et L5 du système « étoile à neutrons + géante gazeuse ». Comme il n'est pas possible de produire des matières premières avec une extraction minière, l'artisanat se base sur la récupération des débris qui sont plus abondants aux points de Lagrange que sur le reste de l'orbite. Et des débris, il y en a, puisque l'« anneau de fumée » possède une flore et une faune. Il suffit d'y ajouter quelques colons humains qui perdent le contact avec la Terre et, après quelques générations, vous avez le décor des deux romans.