Dans l'ombre du coronavirus

Un historique de toutes nos réunions

Table des matières

mercredi 12 février 2020

La voix du secrétaire (Jean)

Présents à la réunion, en fonction de la disposition autour de la table :

moi,
Laurent (R),
Vincent,
Laurent (B),
Richard,
Emmanuel,
et Sébastien.

Nous avons mangé des nems au poulet, des ravioles, de la salade landaise, de l'andouillette, du magret de canard, des rognons, de la saucisse fumée, de la galette (offerte par la maison) et un fondant au chocolat. Nous avons bu des mojitos, des cocktails Diderot, de la bière, du vin blanc et du rosé.

Nous avons parlé de Perl, Internet informatique et points divers.

Perl

Lors de la réunion IRC de la semaine précédente, il avait été convenu que nous discuterions de l'organisation des Journées Perl. Emmanuel pense que le format actuel, avec des exposés qui se succèdent, n'est pas le meilleur format possible. Il pense à d'autres possibilités, comme des ateliers. Richard suggère d'organiser les Journées Perl autour d'une personnalité qui nous rendrait visite, pas forcément une personalité du monde Perl. Aucune date ni aucun lieu n'a été proposé.
À ce propos, le format des réunions sur IRC est-il bien adapté ? Il semble que les sujets avancent plus vite lors des réunions du mercredi que lors des réunions du lundi. D'un aure côté, il arrive de temps en temps que parmi les participants à la réunion IRC, figure une personne vivant très loin de Paris, comme Marc le strasbourgeois.
Pour la conférence européenne d'Amsterdam, une version provisoire du site existe, mais il reste à mettre en place le site web basé sur ACT.

Internet

Un participant a eu des problèmes de papiers d'identité. Il a pu presque tout régler sur Internet avec le site web de l'administration et il a reçu ses papiers par la Poste. La seule démarche qui a nécessité un déplacement est le remplacement de la carte d'identité, qui nécessitait une prise d'empreintes digitales.

Informatique

Nous avons évoqué les débuts de Linux, notamment le message de Linus Torvalds qui a lancé le mouvement. Nous avons eu du mal à retrouver la date exacte. Quant au logiciel lui-même, la toute première version ne cassait pas trois pattes à un canard. C'était juste un portage de Minix de l'architecture Motorola 68000 vers l'architecture Intel 386. D'un autre côté, Linux est arrivé juste au bon moment. Le monde *BSD était empêtré dans des problèmes juridiques pour définir la licence d'utilisation et souffrait également de quelques problèmes organisationnels avec les chefs de projet pour les divers éléments du système BSD. En face, il y avait le projet GNU, qui était en bonne voie de proposer un système d'exploitation complet, la seule lacune importante étant l'absence de noyau. C'est ainsi que GNU/Linux est apparu et que très rapidement, dans les quelques mois suivants, les geeks du monde entier (dont un présent à la réunion) ont pu installer une distribution GNU/Linux sur leur machine.
Un autre exploit de Linus a été de sortir rapidement un système de gestion de sources pour remplacer BitKeeper. dont la licence d'utilisation venait de changer. Cela dit, il semble que Linus ne partait pas de rien. Ce n'est peut-être pas un hasard si plusieurs systèmes décentralisés de sources sont apparus dans un laps de temps réduit d'abord Darcs, puis dans le même trimestre, Bazaar, Mercurial et Git.
Si ses concurrents n'ont pas totalement disparu, il faut reconnaître que c'est Git. qui occupe la première place. Ironiquement, cette prédominance est due à Github, un site centralisé et propriétaire, qui a apporté de la notoriété à un logiciel libre prônant la décentralisation.
Le concept de forge logicielle était déjà connu longtemps avant Github. C'est Sourceforge qui a popularisé ce concept, en offrant aux abonnés non seulement un serveur CVS, mais aussi un logiciel de suivi des incidents, une liste de diffusion, que sais-je encore, le tout avec un accès par le web.
Existe-t-il un gestionnaire de sources intuitif ? Laurent (B) pense que non. Il y a des gestionnaires de sources qui nous plaisent mieux que d'autres, qui correspondent mieux à nos besoins, mais aucun d'eux n'a un jeu de commandes intuitif.
Au sujet du développement des nouveaux langages de programmation, il faut noter l'exposé de Graydon Hoare (le créateur de Rust) lors d'un FOSDEM récent. Sans chercher à prétendre que Rust est la panacée, il a montré comment le développement des nouveaux langages de programmation cherche à traiter certaines problématiques qui varient au fil des ans.
Sébastien a lu récemment un article dans le blog de Discord, une appli et un site web pour joueurs. Dans cet article, les programmeurs du site expliquaient que pour des problèmes de performances, ils avaient décidé de laisser tomber Go et d'utiliser Rust à la place. En Rust, les variables sont, par défaut, immutables [ Veuilez noter l'oxymore... ] ce qui facilite la programmation par fils d'exécution (threads). Il est possible de déclarer que telle ou telle variable peut changer de valeur, mais la règle est plutôt de les laisser invariables.
Un autre langage avec de bonnes performances, c'est Javascript. Mais à part les performances, que peut-on dire de positif sur ce langage ?
Nous avons brièvement évoqué Lua, un langage de programmation écrit par un universitaire brésilien. C'est l'un des rares langages de programmation à indicer les tableaux à partir de 1 et non pas à partir de 0. [ Ce n'est pas tout-à-fait vrai. Voyez en annexe le cas de divers langages que j'ai plus ou moins pratiqués. ]
Python est de plus en plus utilisé, y compris dans des logiciels dont le fonctionnement est critique pour les entreprises, comme la prise de commandes en ligne. Du coup, Python va être amené à se « fossiliser ». Jusqu'à présent, chaque montée de version mineure de Python (de 2.n à 2.n+1 ou similaire pour la version 3) apportait son lot d'incompatibilités ascendantes. Avec tous les logiciels critiques utilisés par les entreprises, il faudra changer d'état d'esprit et adopter une attitude plus réservée vis-à-vis de l'introduction de nouveautés dans le langage.
Puisqu'il était question de Python, nous avons évoqué les langages de programmation dans lesquels l'indentation a une importance pour la syntaxe. Il y a Fortran et COBOL, pour lesquels le texte source doit se trouver entre les colonnes 8 et 72, la colonne 7 étant réservée à des marqueurs indiquant par exemple s'il s'agit d'une ligne de commentaire et les colonnes 1 à 6 et 73 à 80 servant à écrire des méta-informations comme le nom du programme ou le numéro de ligne (pratique si le paquet de cartes perforées tombe par terre et s'éparpille). Et il y a le langage GAP ou RPG, dans lequel chaque instruction consiste en un opérateur écrit en colonnes 27 à 31, un premier opérande écrit en colonnes 17 à 26, un second opérande écrit en colonnes 32 à 41 et le résultat est stocké dans une variable dont le nom est donné en colonnes 42 à 49.

Divers

Nous avons évoqué la situation en Chine, avec l'épidémie de coronavirus. Le gouvernement chinois est dans une position délicate vis-à-vis de sa population. Il y a quelques décennies, Deng Xiaoping avait lancé des réformes d'ampleur en Chine. Ces réformes ont consisté à introduire l'économie de marché en Chine, ce qui a apporté une prospérité certaine à la population. Le compromis était que les réformes porteraient uniquement sur l'économie, il n'y aurait pas d'avancée en démocratie et le gouvernement chinois resterait à la tête d'un État dictatorial. Or avec l'épidémie actuelle, l'économie va s'effondrer et la prospérité va disparaître, alors que la dictature va rester.
Malgré l'absence de liberté d'expression, les chinois arrivent à glisser des critiques contre le gouvernement. Ainsi, un jour, quelqu'un a fait le rapprochement entre une photo de Xi Jinping et d'Obama et une image de Winnie l'Ourson et de Tigrou. Par la suite, pour les chinois, Winnie l'Ourson était devenu une métaphore pour Xi Jinping. Le gouvernement central a réagi en censurant toute référence à Winnie l'Ourson.
Notons que la censure cherche à oblitérer toute critique du gouvernement central, mais elle laisse s'exprimer les critiques contre les gouvernements provinciaux. Est-ce pour donner un exutoire à ceux qui émettent des critiques ? Est-ce pour limiter les ambitions des dirigeants provinciaux qui aspirent à une place au gouvernement central ?
Faute de pouvoir critiquer Winnie l'Ourson, maintenant les chinois ne tarissent pas d'éloges sur leur gouvernement, à grand renfort de « fabuleux », « merveilleux » et autres épithètes grandiloquentes. À tel point que l'on se demande, n'est-ce-pas, si l'accumulation de tels qualificatifs est d'une totale sincérité. Cela rappelle cette anecdote en anglais (mais que l'on pourrait traduire en français) : un professeur de littérature en université explique qu'une double négation équivaut à une affirmation, mais qu'à l'inverse, une double affirmation ne peut s'interprêter comme une négation. Et un étudiant répond du tac au tac : « Yeah, sure. »
Concernant l'épidémie de coronavirus, un spécialiste de renommée mondiale annonce que le virus disparaîtra de lui-même au printemps. Ouf ! Nous voilà rassurés !
Et d'où vient le coronavirus ? Comment a-t-il été transmis à l'homme ? Des spécialistes, des vrais, ont trouvé que le réservoir du virus est la population de chauves-souris et que le vecteur est la population de pangolins.
Nous avons parlé de catastrophes moins naturelles, comme l'accident de Tchernobyl ou les accidents dans les usines chimiques. Hélas, je n'ai pas noté les détails. J'ai juste noté qu'en France, les riverains des usines nucléaires étaient censés connaître les consignes de sécurité et conserver à leur disposition des comprimés d'iode. En théorie ces comprimés doivent être constamment à leur portée, mais en pratique les comprimés restent dans l'armoire à pharmacie du logement.
Nous avons évoqué quelques problèmes d'écart d'âge. La collègue d'un participant à la réunion qui explique :
Il faut que je mange des légumes, je ne suis plus toute jeune.
Ladite collègue avait 26 ans et c'était la plus jeune à la table, tous ses commensaux avaient au moins la trentaine. Ou une autre personne de 26 ans qui décrit quelqu'un ainsi :
C'est un vieux, il a 30 ans.
Ou ce bref dialogue entre un participant à la réunion et une de ses collègues :
-- Mais tu écoutais quoi dans les années 1980 ?
-- Rien du tout, je ne suis née en 90.
Et la même chose dans le monde du cinéma. Le soir de la réunion, le James Bond diffusé à la télévision était Dangereusement Vôtre. Il paraît que pendant le tournage, Tanya Roberts a demandé à s'absenter pour une journée. Roger Moore lui demande pourquoi cette absence. Tanya Roberts répond que c'est pour fêter l'anniversaire de sa mère, qui va avoir 60 ans. Roger Moore, 59 ans, a eu un coup de vieux en entendant cela.
Autre film mentionné, La Mort aux Trousses par Alfred Hitchcock. Dans ce film, Jessie Royce Landis (1896--1972) y joue la mère de Cary Grant (1904--1986). Il y a donc huit ans d'écart entre la mère et le fils...
Et je ne résiste pas à l'envie de donner l'exemple d'un film qui n'a pas été mentionné lors de la réunion. Le 6 juin 1944 dans le Cotentin, l'un des chefs de bataillon de la 101^e aéroportée était Benjamin Vandervoort, un lieutenant-colonel de 27 ans. 18 ans plus tard, dans le célèbre film le Jour le plus long, Vandervoort était interprêté par un acteur de 55 ans, John Wayne.
Il a été question de quelques séries de télévision, comme The witcher qui, peu de gens le savent, a été une série de romans avant de devenir un jeu vidéo puis une série télé.
Autres séries mentionnées, The Good Place, dont je n'ai pas retenu ce qui a été dit lors de la réunion. Également, deux séries tirées de l'univers de Star Trek, Picard et Discovery.
Nous avons évoqué les élections municipoales à venir. Nous avons surtout parlé des élections à Conflans-Sainte-Honorine, car Laurent (R) fait partie des candidats pour le conseil municipal de cette ville, sur la liste divers centre du maire sortant et soutenue notamment par LREM.

Annexe : premier indice des tableaux dans divers langages de programmation

Je vous présente ci-dessous quelques langages que j'ai eu l'occasion d'utiliser et la façon dont ils traitent les indices de tableaux. Cet échantillon n'a pas la prétention d'être représentatif, c'est juste une façon de présenter mon avis et mon expérience sur la question.
Là où il n'y a pas photo, c'est C et les langages dérivés. Les indices de tableau commencent à 0. Rien à dire de plus.
En elisp, la variante de Lisp pour Emacs, on a plutôt tendance à utiliser les listes, mais il existe quand même des tableaux. Et ceux-ci sont indicés à partir de zéro, ainsi qu'il est écrit dans la documentation de aref. La même convention existe pour les listes, même s'il s'agit d'un comptage plutôt que d'un indice, cf. la documentation de nth.
Cela fait des lustres que je n'ai rien écrit en Fortran ni en COBOL (et cela ne me manque pas), mais il me semble que dans ces deux langages, les tableaux commencent à l'indice 1. C'est ce que je pense avoir compris en survolant quelques tutoriels pour Fortran et pour COBOL. Et c'est la même chose en Smalltalk, ou au moins en Squeak, que j'ai pratiqué un tout petit peu il y a quelques années
J'ai pratiqué Basic à l'époque héroïque des machines à 64 Ko ou moins sur 6502, 6800 ou Z80. Là non plus, je ne regrette pas l'évolution de ces dernières décennies qui m'a permis de faire autre chose. Toujours est-il qu'en Basic, lorsque vous déclarez :
```
      Dim students(6) As Integer
```
vous déclarez en fait un tableau de 7 éléments, indicés de 0 à 6. En selon mes souvenirs de la littérature de l'époque, les programmeurs avaient l'habitude d'ignorer l'indice 0 et de boucler de 1 à 6.
Pour Perl, vous croyez peut-être que les indices commencent à zéro. Non. Il y a la variable $[ qui permet de préciser si le premier élément d'un tableau a pour indice 0 ou 1. Certes, il y a une forte pression pour ne pas toucher à cette variable et les versions 5.16 et 5.30 renforcent cette tendance. Toujours est-il que, dans les versions précédentes de l'interprêteur Perl, il était possible de faire commencer les tableaux à l'indice 1.
En APL il existe aussi une variable ⎕IO qui permet de préciser si les tableaux doivent commencer à 0 ou à 1. Par défaut elle est à 1. Et même si je connais moins la communauté APL que la communauté Perl, j'ai l'impression que la pression communautaire pousse à conserver la valeur 1, même si cette pression est moins forte qu'en Perl.
En Pascal, on peut définir des tableaux commençant avec n'importe quel indice. On peut avoir dans un même programme :
```
  var
    titi : array[ 1 .. 5] of integer;
    toto : array[ 0 .. 4] of integer;
    tata : array[-2 .. 2] of integer;
    tutu : array[ 5 .. 9] of integer;
```
Et la fonction low() permet de connaître cette valeur de début (ainsi, low(tata) donnerait -2).
Et je termine par Lua et awk. Dans ces deux langages, il y a une confusion délibérée entre tableaux (à indices entiers) et tables de hachage. Une même variable peut contenir des valeurs indicées par des entiers et des valeurs indicées par des chaînes. Et notamment, il est possible d'indicer une valeur par le nombre 0. Mais ainsi qu'il est marqué dans Programming in Lua (page 98, ISBN 85-903798-2-5, traduction par mes soins, désolé je n'ai pas la dernière édition) :
Vous pouvez commencer un tableau à l'indice 0, 1 ou n'importe quelle autre valeur. [...] Toutefois, on a l'habitude en Lua de faire commencer les tableaux à l'indice 1. Les bibliothèques logicielles de Lua adoptent cette convention, tout comme l'opérateur de longueur. Si vos tableaux ne commencent pas à l'indice 1, vous ne pourrez pas utiliser ces bilbiothèques.
Dans le cas de awk, les fonctions qui requièrent un indiçage à partir de 1 sont les fonctions de tri et la fonction index. Et voici une illustration, légèrement inspirée du morceau de code Pascal ci-dessus et montrant la dualité tableau / hachage des variables Lua :
```
local titi = {'un', 'deux', 'trois', 'quatre', 'cinq'};
local toto = { [0] = 'zero', 'un', 'deux', 'trois', 'quatre' };
local tata = { [-2] = 'moins deux', [-1] = 'moins un', [0] = 'zero', 'un', 'deux' };
local tutu = { [5] = 'cinq', [6] = 'six', [7] = 'sept', [8] = 'huit', [9] = 'neuf' };

function aff_tab(lib, tab)
  print('tableau ' .. lib);
  for i, v in ipairs(tab) do
    print(i, v);
  end;
  print('hachage ' .. lib);
  for k, v in pairs(tab) do
    print(k, v);
  end;
  print();
end;

aff_tab('titi', titi);
aff_tab('toto', toto);
aff_tab('tata', tata);
aff_tab('tutu', tutu);
```
On pourrait faire de même en awk. Cela montre que pour Lua comme pour awk, il est possible d'utiliser un indice zéro, mais que c'est plus simple de commencer à 1.