Illusions d'optique et latéralisation

Un historique de toutes nos réunions

Table des matières

mercredi 12 octobre 2016

La voix du secrétaire (Jean)

Présents à la réunion, en fonction de la disposition autour de la table, qui reprend quasiment l'ordre d'arrivée :

Emmanuel,
Laurent (B),
moi,
Sébastien,
Laurent (R),
Vincent,
et Richard.

Nous avons mangé du foie gras de canard, du saumon fumé, des nems au poulet, de bo-bun, du confit de canard, de l'andouillette, une crème brûlée, du tiramisu au Nutella. Nous avons bu un cocktail Diderot, des Mojitos, du vin et du café.

Nous avons parlé de Perl, Internet informatique et points divers.

Perl

Rappelons que le mois dernier, Emmanuel avait signalé que nous n'avions rien à proposer sur le stand que les Mongueurs auront au Paris Open Source Summit. Ultérieurement, j'ai proposé de reprendre le dépliant que Liz et Wendy ont diffusé à Cluj-Napoca. Emmanuel a approuvé l'idée et il a traduit le texte de ce dépliant, en essayant de reprendre la mise en page. Et lors de la réunion d'octobre, il a mis à contribution les autres participants au fur et à mesure de leur arrivée pour corriger les fautes de frappe qu'il a laissé passer dans la traduction et pour compléter les passages qu'il ne savait pas comment traduire. L'inconvénient, c'est que le français est moins concis que l'anglais, donc il n'y a pas assez de place sur le dépliant pour tout traduire. N'importe comment, je fais remarquer que nous pouvons nous permettre de faire l'impasse sur quelques paragraphes par ci par là.
Cela me rappelle mes années de collège et de lycée. Les professeurs de langue nous avertissaient que si nous faisions l'impasse sur une phrase du texte à traduire, la correction tiendrait compte des fautes les plus graves commises par nos camarades de classe sur la phrase en question et notre note en serait diminuée d'autant. Or, il m'est arrivé au moins une fois d'oublier involontairement de traduire une phrase. Et le professeur n'y avait vu que du feu. Il ne m'avait pas enlevé de point pour cette phrase manquante, il n'avait même pas mentionné cet oubli dans les notes de correction en marge de ma copie.
Cela me rappelle aussi une information que j'ai vu passer. Certes, l'anglais est plus concis que le français, lui-même plus concis que l'italien et l'espagnol. Mais les Italiens et les Espagnols parlent plus vite que les Français qui parlent plus vite que les anglophones et en fin de compte, le débit en termes de bits d'information par seconde est le même pour la plupart des langues.
Pour revenir à la brochure Perl 6, Emmanuel pense avoir reconnu la FAQ de Perl 6. D'autre part, Sébastien pense que certains points sont difficiles à comprendre, y compris pour des utilisateurs expérimentés de Perl 5. Il prend pour exemple les phasers, terme générique recouvrant, en Perl 5, les blocs BEGIN et END (que j'ai compris), les blocs INIT et CHECK (dont je ne perçois pas l'utilité) et autres types de blocs que j'ignore complètement.
Un autre point tordu, c'est les supplies. Je vous laisse lire et essayer de comprendre la documentation. Emmanuel a tenté de traduire par « fourniture ». Moi, en tant qu'amateur de jeux de simulation historique, j'aurais traduit par « ravitaillement », ce qui n'est pas mieux dans le cas présent.
Sébastien raconte une histoire que j'ai déjà entendue de la bouche de Wendy à Cluj-Napoca. Les organisateurs du FOSDEM avaient décidé de ne pas consacrer de salle à Perl et d'allouer cette salle à la communauté dot-Net-Mono. Deux jours avant la date limite pour communiquer le programme de chaque salle, les organisateurs demandent aux gens de dot-Net-Mono où ils en étaient de la constitution de leur programme. La réponse fut qu'ils avaient seulement deux heures ou deux heures et demie d'exposés. Le thème dot-Net-Mono a donc été annulé. Et Wendy a sauté sur l'occasion pour dire qu'elle pouvait trouver des exposés en nombre suffisant pour combler le trou. Deux jours plus tard, elle annonçait aux organisateurs du FOSDEM qu'elle avait fait le plein pour la salle qui lui avait été allouée. Précisons que c'est la troisième année que cela se produit avec Perl.
Sébastien évoque également l'affluence au FOSDEM. Il faut parfois faire la queue pendant une heure, voire plus, à la porte d'une salle de conférence avant d'être autorisé à entrer. En effet les organisateurs sont stricts sur les règles de sécurité et lorsqu'une salle a atteint la capacité maximale autorisée, ils ne laissent plus rentrer personne. Il faut attendre que quelqu'un décide de quitter la salle pour admettre une nouvelle personne dans la salle. Emmanuel, quant à lui, en a pris son parti. Il va au FOSDEM pour traîner dans les couloirs et discuter avec les personnes qu'il connaît de nom. Et c'est seulement au retour chez lui qu'il s'intéresse aux exposés en regardant les vidéos.

Internet

Laurent (B) a remarqué que j'ai envoyé le compte-rendu de septembre sur le dépôt SVN de Paris.pm, mais que je n'ai pas établi les liens vers ce compte-rendu. J'explique que je procède toujours en deux temps. J'envoie le compte-rendu d'abord, puis je vérifie qu'il est bien arrivé et que le validateur HTML du W3C l'accepte. Puis j'envoie une seconde mise à jour du dépôt SVN pour établir les liens et j'en profite pour corriger les erreurs signalées par le validateur du W3C et que je considère justifiées. Or, cette fois-ci, en raison de la migration de Spectre vers Phantom, la mise en forme par Template Toolkit ne s'est pas effectuée et le fichier est arrivé tel quel sur le serveur. Je vais voir comment rétablir la situation et, soit faire passer la moulinette TT2, soit insérer moi-même les éléments manquants. Et à ce moment-là seulement je définirai les liens depuis les autres fichiers.
Je viens d'évoquer des erreurs HTML que « je considère justifiées ». Car il existe des cas où le validateur signale une erreur qui, de mon point de vue, n'en est pas une. Un exemple récent, c'est le tableau comparant les « G » et les « W » dans le compte-rendu d'août. J'ai codé :
```
<table border='1'>
```
et le validateur m'a indiqué que je devais spécifier cet attribut dans une CSS. Or j'ai une seule table dans le fichier HTML. Pourquoi utiliser un marteau-pilon pour écraser une mouche ? Vincent approuve l'orientation actuelle du W3C préconisant le recours systématique aux CSS, même pour une mise en forme isolée comme celle-ci. Laurent (B) est de mon côté, il n'approuve pas le revirement de ceux qui, à l'origine, conseillaient d'utiliser les tables pour définir les retraits des paragraphes. En fait, le message d'erreur portait sur l'attribut cellpadding et l'attribut border ne récolte qu'un avertissement. Mais la discussion reste valide.
Node.js, et jQuery c'est ringard ! Sébastien nous présente un nouveau framework pour JavaScript, « Vanilla JS ». C'est tout bêtement JavaScript avec la syntaxe de base, sans fioritures. Mais avec le nom attribué, les « décideurs pressés » ont l'impression d'utiliser le nec plus ultra de la programmation JavaScript.

Informatique

Nous avons parlé des équipements de réalité augmentée et de cinéma en relief. Ces techniques entraînent un changement de fonctionnement pour le cristallin. En effet, dans le mode réel, lorsque l'on passe de l'observation d'un objet lointain à l'observation d'un objet proche, il y a à la fois une variation de l'accommodation des deux cristallins et une variation de l'angle entre l'axe optique de l'œil droit et celui de l'œil gauche. Avec la réalité augmentée, tous les symboles projetés sont nets, qu'ils représentent des objets proches ou lointains. Donc, la variation de l'angle de vision n'est plus associée à une variation de l'accommodation. Je tente de comparer avec les visualisations tête haute des avions, mais la comparaison n'est pas valide. Les symboles projetés sur les VTH ne sont pas censés représenter des objets, mais des informations comme la vitesse ou le cap de l'avion. Donc, l'accommodation et la variation de l'angle ont désormais lieu uniquement lorsque le pilote a besoin de consulter un cadran qui n'est pas affiché dans la VTH. Ces deux actions sont donc moins fréquentes et elles restent coordonnées.
Remarquons toutefois que, dans certains cas très particuliers, la réalité augmentée peut se révéler bénéfique. Ainsi, Richard a un problème d'hypermétropie asymétrique, avec un œil beaucoup plus atteint que l'autre. Du coup, il ne peut pas avoir une vision réellement binoculaire et il n'a donc pas de perception du relief. Avec la réalité augmentée, tous les objets projetés sont nets, quelle que soit la distance simulée. Richard peut donc se baser sur la parallaxe et la variation de l'angle entre les yeux pour apprécier le relief.
Cela dit, la perception du relief n'est pas due uniquement à la vision binoculaire. Chez les bébés, peut-être, mais une fois que l'on grandit, il y a aussi un facteur culturel. J'ai vu une expérience qui montre cela. Cette expérience consiste en une boîte avec deux fenêtres transparentes. Par la première fenêtre, vous voyez une nature morte très stylisée. Dans l'expérience originale, cela consistait en cinq fruits et ustensiles de vaisselle se masquant partiellement les uns les autres. Pour l'explication, je me contenterai de deux objets, une pomme masquant un verre (avec une paille). La nature morte est constituée de deux plaques de bois avec une peinture monochrome, ce qui ôte tout détail. Et par la première fenêtre, on peut voir la pomme qui masque le verre, ainsi : . Nous interprêtons ceci comme étant une plaque représentant une pomme : placée devant une plaque représentant un verre : . Ensuite, vous êtes invités à regarder par la deuxième fenêtre, qui montre le contenu de la boîte sous un autre angle. Vous constatez alors que le contenu réel de la boîte est au premier plan une plaque représentant un verre avec une échancrure de la forme d'une pomme : . et derrière, se trouve une plaque représentant en partie une pomme : Donc, alors que la vision binoculaire aurait dû vous révéler que la plaque verte se trouve devant la plaque jaune, vous avez perçu l'inverse.
Vincent revient sur une conversation qu'il a eue avec Sébastien, au sujet de la mise à jour des paquets logiciels sur une machine de production. Sur quels critères s'appuie Sébastien pour déterminer s'il doit installer les paquets ou non ? Sébastien conseille de bien évaluer le pour et le contre, ou si vous préférez les inconvénients qu'il y a à installer les paquets et les inconvénients à ne pas les installer. Le pour est assez bien connu, il s'agit le plus souvent de combler des failles de sécurité. Mais si le serveur en question n'est pas directement connecté à Internet, comme c'était le cas pour les serveurs de base de données, le risque d'une intrusion par un pirate est faible, donc le gain apporté par le comblement de cette faille sera faible. Le contre est moins bien connu. Il y a le temps d'indisponibilité de la machine, avec le risque qu'il y ait un problème à l'installation et donc une augmentation importante du temps d'indisponibilité. Et il y a le corollaire de cette indisponibilité, c'est-à-dire la perte de l'estime ou de la confiance des utilisateurs. Cette perte d'estime est difficile à quantifier, mais elle peut se révéler cruciale.

Divers

Quelqu'un, Laurent R je crois, a eu des problèmes de batterie à plat, car la voiture a passé la nuit avec les phares allumés. Le rechargement de la batterie a été laborieux. Impossible de la démonter. D'autre part, d'autres voitures aux propriétaires inconnus stationnaient sur les places voisines, donc il a fallu attendre longtemps pour pouvoir amener un véhicule et relier les deux batteries avec des câbles de recharge. Cela contraste avec ce qui m'était arrivé en 1988, alors que j'avais encore une voiture (une Renault 5, avant l'apparition de la variante « Super 5 »). J'avais oublié d'éteindre mes feux un soir et la batterie s'était déchargée pendant la nuit. Le matin, en constatant qu'elle était à plat, je l'avais démontée, j'étais allé au garage le plus proche pour demander de la mettre en charge, j'avais téléphoné à mes collègues que je serais en retard et j'avais attendu un certain temps. Puis j'étais retourné au garage, j'avais repris ma batterie et je l'avais réinstallée et rebranchée dans ma voiture. Et j'avais pu repartir. Un tel bricolage est impossible avec les voitures et les moteurs tels qu'ils sont agencés de nos jours. Dans une autre optique, Richard nous apprend que certaines compagnies d'assurance prennent en charge des incidents mineurs tels que la décharge d'une batterie et interviennnent auprès de leurs assurés pour les dépanner.
Richard nous montre une illusion d'optique inédite. Elle s'inspire d'une illusion classique, où des points gris semblent apparaître à l'intersection de bandes blanches. Ici, les points sont réels, bien noirs et au nombre de douze, mais on ne peut en voir que trois à la fois au maximum. Et nous mentionnons une autre illusion d'optique, la chambre d'Ames, (la dernière dans cette page). Cette illusion se base sur la perspective et sur le fait que les pièces dans les bâtiments sont, en général, parallélépipédiques et que les pavés utilisent des dalles carrées.
Pour ceux qui auraient voulu manger du poisson, le patron du restaurant nous a proposé du bar car il avait un bar entier. Cela me fait penser que j'ai vu un truc qui m'a étonné dans les rayons d'un supermarché. Il y avait des boîtes de 5 cm de diamètre et 2 à 3 cm d'épaisseur sur lesquelles il était marqué « thon entier ». Je trouve curieux que l'on puisse faire entrer en entier un thon dans une boîte aussi petite.
Par association d'idée, nous évoquons les lieux clos qui sont plus vastes à l'intérieur qu'à l'extérieur. On doit sûrement en trouver des exemples dans les œuvres de Lovecraft. Il y a aussi la première partie d'un film de Harry Potter, où il fait du camping avec la famille de Ron au complet. À l'extérieur, la tente fait 2 mètres sur 3 et pourtant tout le monde peut s'installer à l'aise à l'intérieur sans bousculer les autres. Et Laurent (B) cite en outre une cabine téléphonique peinte en bleu.
Nous avons évoqué un problème théorique. On suppose que l'on a pu établir une communication avec des êtres vivant autour d'une étoile voisine comme Alpha du Centaure, que nous pouvons discuter de mathématiques et de physique avec eux et que nous nous accommodons d'un intervalle de neuf ans entre une question et sa réponse, comment faire comprendre à ceux d'en face des concepts abstraits comme le rouge et le bleu ? Pour moi, la solution est assez simple, il suffit de leur dire que les radiations électro-magnétiques de longueur d'onde 700 nanomètres sont rouges et que pour 480 nanomètres, on a du bleu. La question suivante, comment leur expliquer ce qu'est un nanomètre n'a pas été posée, mais la réponse pourrait être de rapporter cette longueur soit à la longueur d'onde de 21 cm produite par l'hydrogène, soit à la distance entre nos deux étoiles.
Nous avons parlé de la notion de gauche et de droite. Vincent le voit avec ses gamins, c'est une notion difficile à acquérir. Laurent (R), qui a effectué son service militaire, a la réponse. Il tend les deux mains, paume vers le bas et déclare :
La main droite, c'est celle avec le pouce à gauche.
(ou l'inverse, peu importe). Laurent (B), qui a peut-être lu Vous voulez rire, M. Feynman ! tend la main gauche paume vers le bas et la main droite paume vers le haut (ou l'inverse, peu importe) et déclare qu'il ne comprend pas le moyen mnémotechnique de son homonyme.
De même que nous nous sommes posé la question de savoir comment expliquer à des habitants d'Alpha du Centaure la notion de bleu et de rouge, nous nous demandons comment leur expliquer la notion de gauche et de droite. Comme j'ai lu L'Univers ambidextre de Martin Gardner (que j'ai failli confondre avec La Quatrième Dimension de Rudy Rucker), j'ai su répondre. J'ai l'impression que Richard s'était lui aussi intéressé à la question et qu'il aurait pu répondre. Je résume ci-après le livre de Gardner, même si certains éléments de ce compte-rendu n'ont pas été mentionnés lors de la réunion. Et d'autres éléments ne figurent pas non plus dans le livre de Gardner, mais sont en rapport avec le sujet.
Tout d'abord, examinons la notion de gauche et de de droite sur terre. La notion de haut et de bas est évidente : voir la gravité locale. La notion d'avant et d'arrière est déjà moins universelle. La plupart des végétaux et certains animaux (méduses par exemple) ont une symétrie de rotation, donc ni avant ni arrière. La plupart des animaux complexes ont un avant et un arrière bien différenciés, liés à leur mode habituel de locomotion. En revanche, leur aspect extérieur a une symétrie droite-gauche. Certes, on peut voir des éléments d'asymétrie sur un individu donné, comme un grain de beauté sur la joue droite d'un humain. Mais au niveau de l'espèce, il y a autant d'individus avec un grain de beauté sur la joue gauche que d'individus avec un grain de beauté sur la joue droite. Les asymétries au niveau de l'espèce sont plus rares. Il y a les coquillages de forme spirale, comme les escargots. Il y a aussi les crabes violonistes. De tous les sites web que j'ai consultés à ce sujet, j'ai trouvé un site indiquant que la pince hypertrophiée est en général à droite et un autre expliquant que c'est plutôt la pince de gauche. Qui croire ? Il y a les Blohm-und-Voss 141. Et, plus discret mais néanmoins réel, il y a les individus mâles adultes de l'espèce humaine. En effet, prenons notre anatomie visible de l'extérieur et supposons que l'on ait enlevé tous les vêtements. En faisant attention, on constate alors que la plupart du temps, celle de gauche pend un peu plus bas que celle de droite. Une petite digression. Un universitaire a examiné de nombreuses statues de la Grèce antique et il a constaté que cette asymétrie n'était pas reproduite par les sculpteurs. Il a eu pour cela le prix IgNobel de Médecine en 2002.
Les miroirs inversent la gauche et la droite. Ah bon ? Gardner propose l'expérience suivante. Prenez un miroir de poche, placez-le face à vous et regardez votre image dans ce miroir. Puisqu'il est censé inverser la gauche et la droite, collez une gommette sur le bord gauche et une autre sur le bord droit. Puis faites pivoter le miroir pour que les gommettes soient en haut et en bas. Regardez de nouveau votre image. Le haut et le bas sont-ils inversés ? Bien sûr que non. Alors que se passe-t-il ? Dans la réalité, le miroir inverse l'avant et l'arrière. Mais c'est psychologiquement dur à avaler. Comme écrit ci-dessus, la différence entre l'avant et l'arrière est bien ancrée dans notre esprit. Il est beaucoup moins dérangeant d'envisager une rotation à 180° (possible dans la vie réelle), suivie d'une inversion de la gauche et de la droite (impossible, mais pas choquante). La rotation à 180° est tellement banale qu'on oublie de la mentionner dans l'analyse de l'effet des miroirs. Pour les pointilleux, il y a quand même des cas où le miroir inverse la gauche et la droite, c'est lorsque l'on se place de profil pour se regarder du coin de l'œil dans un miroir.
Maintenant, reprenons la discussion avec les habitants d'Alpha du Centaure et essayons de leur faire comprendre de quel côté est la gauche et de quel côté est la droite. Il est facile de leur faire comprendre la différence entre haut et bas, ils ont un champ gravitationnel comme nous. Si la planète n'est pas uniquement peuplée de méduses et d'anémones de mer, il est facile de leur faire comprendre les notions d'avant et d'arrière. Mais une fois ces notions assimilées, comment leur indiquer de quel côté se situe la gauche et de quel côté se situe la droite ? Que les espèces animales soient en majorité symétriques comme sur Terre ou qu'elles soient globalement asymétriques comme les « moties » de Niven et Pournelle, la difficulté est la même. Comme il n'y a eu aucun contact matériel entre les deux mondes, il est impossible de baser l'explication sur les tire-bouchons, sur la structure de l'ADN ou des protéines et sur les autres asymétries que nous connaissons. Si nous envoyons des fichiers graphiques ou des vidéos pour l'explication, comment être sûr que l'affichage sur leurs écrans se fera de gauche à droite comme chez nous ? Il peuvent très bien faire un affichage de droite à gauche et ainsi comprendre tout à l'envers. Peut-on se baser sur les phénomènes physiques, comme la force électromagnétique F⃗ engendrée par un courant électrique I dans un champ magnétique B⃗ ? Non, car il existe un certain nombre d'entités physiques représentées par des vecteurs pour lesquelles l'orientation est une convention, pas une orientation naturellement imposée par l'observation. C'est le cas ici pour le champ magnétique B⃗ que l'on appelle parfois « pseudo-vecteur » pour rappeler que son orientation est conventionnelle. Si l'on décidait du jour au lendemain d'inverser la convention pour les champs magnétiques et pour les autres pseudo-vecteurs, alors il faudrait changer certains schémas dans les livres de physique, mais les équations resteraient les mêmes.
Alors, comment faire ? Le livre donne deux réponses. L'une consiste à se baser sur des étoiles lointaines, de façon qu'elles aient à peu près la même position vues du soleil ou vues d'Alpha du Centaure. Par exemple,
Si nous positionnons α-Umi (l'étoile polaire) en haut et α-Lyr (Vega) vers l'avant, alors α-Ori (Bételgeuse) se place à gauche et α-Boo (Arcturus) à droite.
L'autre solution consiste à se baser sur la désintégration β du cobalt-60. Si l'on s'arrange pour que les spins des atomes de cobalt-60 soient tous orientés dans le même sens, alors la désintégration produit plus de particules β côté sud que côté nord. Cette expérience permet de relier le champ magnétique B⃗ avec un phénomène concret. Ce n'est donc plus un pseudo-vecteur et il est possible d'expliquer la notion de droite et de gauche avec les vecteurs B⃗ et F⃗ et la direction de l'intensité électrique I.

Bibliographie

La rédaction de ce compte-rendu m'a donné envie de sortir plusieurs livres de mes étagères et de les feuilleter. J'avoue ne pas les avoir relus, pas même celui dont j'ai fait le résumé. Voici la liste de ces livres, en commençant par les illusions d'optique et en terminant par le concept de gauche et de droite.

Le Livre des Paradoxes, Nicholas Falletta, traduit par Jean-François Hamel, éditions Belfond, collection Belfond/Sciences, ISBN 2.7144.1789.2. Lire la première partie, « Paradoxes visuels ».
200% of Nothing, A.K. Dewdney, éditions John Wiley & Sons, Inc, ISBN 0-471-57776-6.
Des Mondes impossibles, éditions Evergreen, ISBN 3-8228-2281-7. Ce volume regroupe 4 ouvrages dans la même reliure :
- Le Miroir magique de M.C. Escher, Bruno Ernst,
- L'aventure des figures impossibles, Bruno Ernst,
- Le monde des illusions d'optique, Bruno Ernst,
- L'œuvre graphique, M.C. Escher
Gödel Escher Bach les Brins d'une Guirlande Éternelle, Douglas Hofstadter, InterÉditions, ISBN 2-7296-0040-X.
L'Univers Ambidextre, Martin Gardner, traduit par Claude Roux et Alain Laverne, Éditions du Seuil, collections Points, ISBN 978-2-02-021147-5.
La Quatrième Dimension, Rudy Rucker, traduit par Christian Jeanmougin, Éditions du Seuil, collection Science ouverte, ISBN 2-02-008979-3.
Vous voulez rire, Monsieur Feynman !, Richard Feynman, traduit par Françoise Balibar et Claude Guthmann, InterÉditions, ISBN 2 7296 0006 X. Lire la page 180, dans le chapitre « Inapte au service ».
L'Encyclopédie Mondiale des Avions Militaires, Enzo Angelucci, traduit par Elisabeth de Lavigne et Bernard Guyader, CELIV, ISBN 2-09-292 201-7. Se reporter aux pages 314 et 325.
Ig™Nobel Prizes 2, Marc Abrahams, Orion, ISBN 0-75286-461-0. Lire les pages 128 à 135.
The Mote in God's Eye, Larry Niven et Jerry Pournelle, HarperCollins Publishers, ISBN 0 586 21746 0.
The Moat around Murcheson's Eye, Larry Niven et Jerry Pournelle, HarperCollins Publishers, ISBN 0 00 647645 7.