Sara nous rend visite

Un historique approximatif des réunions de Paris.pm

Vous voulez venir à la prochaine réunion, et vous ne savez pas où c'est ? Voici le guide.

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mercredi 8 mars 2000

La voix du secrétaire perpétuel permanent informel officiel

Lorsque que je suis arrivé à la taverne République, à 8 heures plus ou moins quelques minutes, j'ai remarqué un couple de cyclistes assis en terrasse. À part son équipement cycliste, l'homme n'avait rien de particulier, mais la femme portait un T-shirt avec la mention geek. C'est comme cela que j'ai compris qu'il s'agissait de nos invités Sara et Steve, d'Atlanta.

Nous sommes allés comme de coutume en sous-sol. Là, contrairement à l'habitude, la salle était déjà occupée par trois groupes. L'un d'entre eux avait semble-t-il prévu une séance impromptue de karaoké (impromptue, donc sans équipement, heureusement), et comme Jeffrey Friedl le dit de lui-même dans la préface de Mastering Regular Expressions, les membres de ce groupe compensent leur manque de talent par un volume sonore élevé. Et nous avons dû les supporter pendant plus d'une heure...

Les autres participants, dont deux revenants, sont arrivés rapidement :

Philippe « BooK »,
Kai,
Stéphane,
Dao,
Samuel « s'nuoM »,
Stéphane,
Artur,
et David.

Nous avons abordés les sujets suivants :

J'ai été élu secrétaire des Perl Mongueurs par acclamations. Lesquelles acclamations ont failli égaler le niveau sonore du groupe d'à côté.
Cela dit, il n'y a pas eu d'élection pour un secrétaire adjoint. On verra bien qui fera le compte-rendu du mois d'avril. Moi je ne serai pas là.

Eh bien je crois que ce sera pour ma pomme -- David
Sara a présenté son travail. Elle est géographe, et elle s'occupe de collecter des données géographiques, de les stocker en conformité avec un standard plutôt abscons, et de les restituer d'une façon agréable pour les utilisateurs. Pour ce faire, elle utilise la base de données ACE-DB de Lincoln Stein (Human Genome Project). Pour afficher les données, les traitements qui s'enchaînent sont :
1. un script Perl, construisant un fichier HTML,
2. l'utilitaire HTML_doc, pour compléter ce fichier HTML avec une table des matières, un haut et un bas de page,
3. un distilleur, qui convertit ce fichier HTML en fichier PDF.
Le choix du format PDF se justifie par le fait que de la sorte, les utilisateurs ont exactement la même chose lorsqu'ils lisent leurs documents à l'écran ou sur papier.
Sara signale qu'un jour, elle a eu un problème avec la base de données. Elle avait donc envoyé un e-mail à Lincoln Stein. Ce dernier l'a contactée par téléphone ensuite, pour s'assurer que la correction du problème convenait à Sara.
Steve, quant à lui, ne travaille pas du tout en informatique. Il me semble qu'il utilise de temps en temps un ordinateur, simplement pour le traitement de texte. Et à la maison, il n'utilise pas Internet, l'ordinateur familial étant occupé par sa femme ou son fils.
Lors de la réunion, Steve a dû se croire comme chez lui, lorsque sa femme discute programmation avec son fils. Nous parlions assez souvent en Anglais, mais les sujets abordés ne l'intéressent guère...
Sara et lui nous ont néanmoins parlé de son voyage à Paris. Ils visitent Paris à vélo. Ils trouvent Paris assez bien adapté à la circulation cycliste. Il semble que la situtation à Atlanta est pire qu'à Paris.
Sara ne participe pas aux réunions des Perl Mongueurs d'Atlanta. Elle habite au sud de la ville, et les réunions ont lieu au nord. Et traverser la ville à vélo...
Sara et Steve ont choisi de visiter Paris, parce que Air France accorde des promotions en ce moment, Delta Airlines et Air France ont des accords pour les programmes de fidélisation Skymiles, ce qui fait que visiter Paris leur coûte moins cher que de visiter Little Rock.
Il existe peut-être des programmes Frequent Flyer en Amérique, mais il n'ont pas de programme Lecteur assidu comme ce que nous propose O'Reilly France.
Sous Windows, il est possible d'utiliser des pipes comme sous Unix, mais les redirections ne fonctionnent pas. Du coup, les utilisateurs de Sara voient apparaître sur leur écran de nombreux messages qui ne leur sont d'aucune utilité. La solution est toute simple : écrire un programme qui est l'équivalent du fichier /dev/null. Ce programme « lit » le standard input, et n'en fait absolument rien. Le programme est plus simple qu'un « hello world » :
```
int main (int argc, char * argv[])
{
    return 0;
}
```
La voix de David
Ce ne serait pas plutôt :
```
int main (int argc, char **argv)
{
    char buf[4096];
    while( fread( buf, sizeof(buf), 1, stdin )) }
        ;
    }
    return 0;
}
```
Nos grands anciens (certains sont plus jeunes que moi) évoquent le temps où Linux était distribué sur disquettes. Notamment, Kai a une distribution SLS qui tient sur 90 disquettes !
Cela dit, d'autres personnes ne doutent de rien. Allez donc voir ce lien, puis cherchez la chaîne de caractères « Zelos »...
Encore un autre livre de bonne qualité et qui ne sort pas de chez O'Reilly : Object-Oriented Perl de Damian Conway. On y trouve de bonnes idées, comme par exemple l'utilisation de overload sur des constantes.
À propos d'overload, Stéphane suggère à Philippe d'utiliser cette fonction pour faire de l'arithmétique sur des mesures. Un tel module permettrait de multiplier des kilovolts par des milliampères et d'obtenir des watts en sortie.
Stéphane évoque le problème de la compilation de Perl. Comme il n'y a pas de typage pour différencier les variables int des variables float ou string, l'interpréteur (ou le compilateur) doit tenir compte du fait qu'une variable peut changer de type entre deux utilisations. Il est possible, pour des packages et des modules, d'écrire :
```
my Student $st1;
```
mais d'une part, cela n'est pas prévu pour les types élémentaires, d'autre part, même pour les modules, le seul effet est documentaire. Pour Stéphane, ce manque d'efficacité fait que Perl perd du terrain par rapport à Python et à Java, pour lesquels il est possible de faire des compilations avec optimisation.
Enchaînant sur le problème de la compilation et de l'efficacité, Artur évoque le cas d'un interpréteur Fortran, qui était plus performant que les compilateurs sur la même machine. En effet, cet interpréteur utilisait à son profit les fonctions pipeline du processeur, ce que les compilateurs ne faisaient pas. C'est à dire que le moteur de l'interpréteur réside entièrement en cache, ce qui fait que le pipeline ne cale jamais. Une instruction toutes les 5 nanosecondes sans faille va toujours battre du code compilé qui génère des page faults sans arrêt.
Sara nous ayant apporté un exemple de script, David fait quelques remarques sur le codage. Par exemple, l'utilisation de qw pour écrire une liste sans aucune quote ni aucune virgule, ce qui est plus lisible. Egalement, il lui suggère de convertir une boucle foreach en map, ce qui procure un gain en efficacité.
Un penseur contemporain et bienfaiteur de l'humanité a dit à ce sujet (je traduis) : dire qu'il ne faut pas utiliser un opérateur autrement que pour sa fonction d'origine me rappelle ceux qui disent qu'il ne faut pas avoir de relations sexuelles dans un but autre que la procréation. Parfois, les effets secondaires sont plus agréables que la fonction principale.
Une coïncidence a fait que, le lendemain de la réunion, j'étais en train d'éplucher Date::Convert de Mordechai Abzug. À un moment, il cherche à convertir un numéro de jour $nbj de 1 à 365 (pour une année normale) en numéro de mois $num_mois et numéro de jour dans le mois. Il procède de la sorte :
```
my @tabj = (0, 31, 59, 90, 120, 151, 181, 212, 233, 263, 304, 334);
my $num_mois = grep { $_ < $nbj }
@tabj;
```
ce qui convertit 1 à 31 en 1 (janvier), 32 à 59 en 2 (février), etc. Il faudrait passer cela au chronomètre, mais à vue de nez, cela doit être valable pour une table d'une vingtaine de postes. Si la table dépasse la centaine de postes, il est préférable de revenir à une recherche séquentielle, voire d'utiliser une recherche dichotomique.
Pour résoudre un problème que Philippe se posait, Stéphane (je crois) lui a rappelé l'utilisation du modificateur /c dans les regexps. Par exemple, il veut trouver toutes les expressions "mot-clé = valeur", dans la chaîne "a=b, c, d=e". Le script ressemble à
```
$_ = &lt;STDIN&gt;;
while (1) {
    /\G(\w+)=([^, ]+)/gc && print "Mot-cle $1, valeur $2\n"
    or
    /\G./gc
    or last;
}
```
\G et /g permettent de reprendre la recherche là où on s'était arrêté. Sauf que, si la recherche a foiré à l'itération précédente, on repartira au début de la chaîne. Et justement, /c permet de signaler que l'on repartira de l'endroit où l'on s'était arrêté, même si la recherche n'a pas abouti. Essayez le bout de code ci-dessus, sans le /c, vous verrez, ça boucle !
À l'opposé, il a été bien sûr question d'obfuscation. Notamment, la formule de salut à la mode en France est « a+ ». Certains Perl Mongueurs ont décidé de la traduire en $a++, et d'obfusquer cette formule, dans la tradition des JAPH, notamment un script de Samuel qui déroule tous les entiers de 0 à 32767 puis de -32768 à -1 pour trouver $a et son successeur. Dans le cas de -1 ou -2, cela prend un certain temps... Philippe et Samuel vont fouiller leurs archives respectives pour rassembler un florilège et le mettre sur notre site. Entre la réunion et ce compte-rendu, ils ont rassemblé cela. [ La version officielle est désormais ici. ]
Suite à la question d'un débutant, Artur et Eric avaient essayé de lancer un concours d'obfuscation du calcul de la longueur d'une chaîne de caractères, mais il n'a pas eu beaucoup de succès.
Philippe continue à faire de l'arithmétique avec les expressions régulières. Il paraît qu'il a une regexp pour calculer les factorielles.
Lors d'un précédent concours, quelqu'un avait eu l'idée d'écrire un programme pour l'OPC, court mais puissant. Le programme livré ne contenait que la phase d'initialisation, qui ouvrait un socket et téléchargeait la suite du programme. De la sorte, la limite de 256 ou 1024 octets était respectée. Nos assombrisseurs en chef cherchent à utiliser à leur profit les fichiers standards que l'on trouve sur toutes les machines UNIX, comme stdlib.h. Ou bien, patcher l'interpréteur perl pour y dissimuler une nouvelle fonction mise à profit pour le concours.
Dans un but non pas d'obfuscation mais de performances, Samuel fait des tie sur des typeglobs. Âmes sensibles s'abstenir ! Ou encore, des raccourcis tels que foreach(@_){&$_()}
(Si tu avais eu connaissance des conseils de David, tu aurais peut-être écrit map {&$_()} @_ !)
D'autre part, Samuel a mis son gestionnaire d'exceptions sur le web (mais pas encore sur CPAN).
Pour en revenir à notre invitée, nous avons comparé les réglementations et usages pour l'architecture, l'urbanisme, etc. Ainsi, aux États-Unis, il est possible d'effectuer une transaction immobilière avec seulement l'acheteur et le vendeur. C'est impensable en France, compte tenu de notre tradition centralisatrice, fiscale et gratteuse de papier ! De même, une grande partie des États-Unis n'est pas cartographiée localement, car certains habitants considèrent que si quelqu'un fait des relevés à proximité de leur habitation, cela constitue une intrusion dans leur vie privée, et ils sont prêts à défendre cette vie privée les armes à la main... À noter que cela leur permet également de faire des économies en matière d'impôts locaux.
Stéphane, qui a vécu là-bas, fait remarquer que d'un côté les Américains sont très chatouilleux à propos de leurs libertés individuelles, mais d'un autre côté, les U.S.A. ont plusieurs organisations d'espionnage intérieur, comme la NSA, la DIA, le FBI [et je crois que l'on a coutume d'y ajouter l'IRS, qui s'occupe des impôts, ce qui en fait le service de renseignements le plus détesté]. De même, l'utilisation intensive des cartes de paiement fait que l'on peut cerner précisément le style de vie, les goûts et les activités des Américains. Mais, précise Sara, certains sont des adeptes du paiement cash. Ni chèque, ni carte. [ Post-scriptum : Stéphane ne parlait pas du service d'espionnage militaire DIA, mais de la DEA contre les trafics de drogues. ]
Une particularité des États-Unis est la décentralisation à outrance. Il y a les lois et les règlements fédéraux, mais aussi les lois et règlements de chacun des 50 états, et aussi les règlements des gouvernements locaux. À titre d'idée, la Georgie comporte 600 gouvernements locaux. Sara nous explique que, par exemple, dans l'hypothèse où elle sentirait sa mort venir, elle aurait intérêt à foncer jusqu'à la frontière avec la Floride. Cela permettrait à son fils de payer beaucoup moins de droits de succession sur l'héritage.
La décentralisation au niveau des gouvernements locaux fait que les adresses ne sont pas normalisées. Ou plutôt, comme je l'ai lu dans fortune, ce qu'il y a de bien avec les standards, c'est qu'ils sont si nombreux que l'on peut choisir celui qui nous convient. Sauf que dans le cadre de son métier, Sara préfèrerait qu'il y ait un seul standard pour les adresses de tout l'état. Mais heureusement, Stéphane lui indique Parse::RecDescent et Parse::Yapp, qui lui faciliteront vraisemblablement la tâche...

Et je reste, jusqu'à la prochaine fois, votre humble et dévoué secrétaire
(c'est pas de moi, je l'ai pompé dans le P5P digest de Mark-Jason D.).