Avertissement : Ce qui suit est extrait du journal de David "D@vid" Elbez, livré sans modification et in extenso pour les journées (ou partie de journées) ayant trait à son voyage à Amsterdam pour la conférence YAPC::Europe::2001 en compagnie des Mongueurs de Perl de Paris.
Nous avons retenu la leçon de la veille : ce coup-ci c'est lever 7h30 ( !!!), hors de la chambre à 8h pour prendre le petit-déjeuner (une merveille. Nos cousins germains européens ont leur éducation à refaire en matière gastronomique mais ils ont malgré tout une chose unique : leur petit déjeuner salé avec des trésors de charcuterie, de fromage et d'oeufs brouillés.).
David qui a quelques problèmes pour se lever aussi tôt (je le comprend !) nous rejoint un peu plus tard. Au final nous sommes à peu près à l'heure pour la " keynote " de la journée (j'ai un peu de mal à traduire ce truc).
On aurait mieux fait de rester au lit ! Ah la vache, le coup de fusil ! Tour à tour, la fatigue aidant bien sûr, ce type va réussir sans brio aucun à nous endormir. Je vois David paritr en premier mais à peu de choses près, Kai et Philippe suivent le même chemin doucereux qui mène chez Morphée. Moi-même, je pique du nez plusieurs fois (et non, ce n'est pas par le seul poids de l'engin lui-même...).
Cette prestation de merde, du moins cette prestation que je trouve merdique (jugée tout de même de façon assez unanime chez les mongueurs de Paris) est l'oeuvre salopée de Daniel Karrenberg. Je suis sûr cependant qu'il a quand même dû intéresser des gens... Mais pas moi, autant dans la forme que dans le fond (et là je suis politiquement correct parce que vraiment, j'ai trouvé que sa keynote était un vrai suppositoire...). Je parle aussi sur le coup de la déception car la biographie de ce monsieur n'était pas celle de n'importe qui. Quoiqu'il en soit ça n'était pas non plus celle d'un orateur. Je pense que ça devrait être une qualité majeure chez quelqu'un à qui on confie la difficile tâche de sonner le clairon et de lancer les troupes pour une longue journée. Enfin...
Comme j'aurais dû m'en douter, cette première prestation donne le ton de la journée, en demi-teinte. Il ne faut pas être trop exigeant, le programme d'hier était fait pour moi, il ne peut pas en être de même tous les jours.
La suite immédiate de nos pérégrinations nous mène (au moins Jean et moi) à une présentation d'un logiciel de... présentation.. " A cat chasing its tail " me direz-vous, mais non, pas tout à fait, on peut l'utiliser pour présenter autre chose que des présentations et j'entrevois une possible utilisation pour mon journal (que j'écris en ce moment-même, " The cat's still chasing its tail ", étes-vous tenté de me dire...).
Dans la même salle (Iterative Software Room ), faute de mieux, je vais assister à une présentation à laquelle je ne vais rien comprendre. Mais je sais que cela vient de moi et de mes connaissances, car les mongueurs au complet (à part David, parti voir un truc sur la sécurité) se sont beaucoup amusés.
Nous sommes séparés à la pause du midi, surtout parce Philippe et Briac sont partis à un déjeuner assez important avec je ne sais pas trop qui en fait, mais où il va être discuté de la conférence de l'année prochaine. (Les mongueurs de Paris aimeraient bien l'organiser).
Lorsqu'ils reviennent je suis dehors avec Kai, et Philippe nous fait un topo : ça ne va pas si bien qu'on le croyait car Munich est aussi en lice et leur projet est déjà avancé (nous pensions qu'il n'y avait que nous). Ainsi, c'est le premier qui envoie un projet sérieux à YAS (cf. la veille) qui emporte la timballe. Mongueurs, réveillons nous !
Les présentations reprennent avec une précision toute germaine à 14h, et en bon sémite de culture latine j'en manque les premières minutes. Cet après-midi est tout de même d'un autre acabit que ce matin. Nous avons droit à un long entretien de Michael Schwern qui nous parle de sa tâche première ces derniers temps : l'assainnissement et le contrôle de qualité du CPAN, pierre angulaire de la programmation Perl (Comprehensive Perl Archive Network).
Cette présentation va durer (Michael Schwern oblige) un peu plus longtemps que prévu et ainsi le suivant, Léon Brocard, ne pourra faire la sienne que les fesses vissées sur un nez de TGV... (c'était notamment sur un module écrit par quelqu'un de la liste, François Désarménien. Dommage...)
Il y a ensuite l'entrée en scène d'une batterie d'intervenants pour des présentations éclair (lightning talks) et notamment (ta daah !!!) mes collègues des mongueurs de Paris, Briac et Philippe (un peu tendus...).
Briac va nous montrer un petit truc dont j'ai entendu parler plusieurs fois (une suite de trois scripts qui vont au final colorier des zones précises sur une carte géographique en fonction d'un état d'avancement de travaux ) dont l'intérêt est notamment de dire (au cas où c'était encore nécessaire) : dès qu'il y a répétition, l'informatique est ton amie (pour peu qu'il y ait un informaticien compétent dans les parages...).
Philippe, fidéle à lui-même, va nous parler d'obfuscation avec en l'occurrence l'explication du code présent sur le ticheurte officiel bis de la conférence (qui a déjà un certain succès). En forme de " famous last words ", il lance le script qui, bien malin qui l'aurait deviné en lisant le code, fait tourner une foultitude de lettres avant d'afficher " security through obfuscation ".
Le niveau de ces talks est assez inégal : de chiant ou inexistant à très intéressant en passant par hilarant comme celui de cet anglais, Jeremy (je lui ai juste demandé son prénom...), qui nous fait un résumé très drôle de toutes les horreurs qu'il est possible de faire en matière de sécurité.
Nous enchainons immobiles avec une présentation du module Inline qui permet d'insérer du code d'un autre langage dans un script Perl. Je pensais que cela n'aurait aucun intérêt pour moi qui ne connait pas d'autre langage (et qui ne veut pas en connaitre d'autre !). En fait, je vais être captivé (et amusé) durant la totalité de la présentation grâce aux qualités de l'orateur, à la présentation axée sur la pratique et aux exemples d'utilisations comiques du module en question (John Mac Namara a fait le module Inline::Perl, qui permet donc d'insérer des lignes de Perl dans un script Perl...).
L'auteur de ce module, Brian " Ingy " Ingerson, est une personalité émergente du monde Perl, à n'en pas douter.
L'après-midi se termine en pente douce avec une seconde session de lightning talks dont le meilleur moment est une démonstration de Dave Cross (président du London.pm, auteur). Il nous explique qu'il ne faut pas faire de prosélytisme Perl en partant d'un principe simplement drôle, mais vrai en un sens : le monde de Perl est peuplé de gens très bien qui n'ont pas eu besoin qu'on les y attire, et merci mais non merci, on ne veut pas de celui qui n'a pas trouvé " naturellement " Perl sur son chemin (Excellent !).
La fin d'après-midi se rejoue de la même façon que la veille, avec moins de bière en ce qui me concerne et plus de bavardages avec des gens de toutes les nationalités (c'est merveilleux, " Hackers around the world, join your hands...! " ). En fait, nous attendons que les Perlmonks (les moines de Perl, une confrérie cybernétique) donnent le départ pour une soirée " restaurant et pub-crawl " (une errance désorganisée de bar en bar...).
Nous allons donc au centre d'Amsterdam que je vois pour la deuxième et qui me fait toujours le même effet bof!, très bof!. Le restaurant, choisi surtout pour ses prix modiques et sa capacité d'accueil, est un fleuron de la gastronomie locale : c'est un chinois (mais la restauration chinoise est chez elle partout dans le monde que je sache !).
Sur cette grande tablée tout en long doivent s'aligner une trentaine de personnes dont les huit dixièmes sont Perlmonks (les autres comme moi, le deviendront un jour, c'est sûr). Je suis séparé de mes mongueurs d'amis mais je ne le regrette pas finalement : ces dîners sont faits pour parler avec des gens qui nous sont inconnus.
A la frontière entre deux tables, je ne suis pas très bien placé pour entrer dans des discussions, et mon voisin d'en face est un gentil petit type effacé, un peu rétif. Alors je vais d'abord beaucoup écouter, parler un peu, avant d'avoir la drôle d'idée de parler à mon voisin d'en face.
Le changement est radical. En lui adressant la parole, j'ai comme appuyé sur un intérrupteur. Le fait de l'encourager à parler sur son sujet (l'astrophysique) apporte toujours plus de mouvements et d'excitations dans son verbe et son geste. C'est à la fois beau et amusant de regarder quelqu'un de passionné qui s'anime, dont les pommettes rosissent, lorsqu'il parle de son sujet.
La conversation avec mon voisin d'en face (un écossais) me laissera un souvenir persistant à tel point que je me pique de regarder d'un peu plus près la joyeuse troupe qui, rassasiée, s'engage tête baissée pour le pub-crawl proprement dit. Je finis par une réflexion amusée (une fois de plus... Je m'amuse beaucoup, voilà tout...) et générale que je fais à voix haute : " what a nice, weird and heterogeneous bunch of people ! ". Un gars à côté de moi à ce moment entend la phrase et me rappelle que j'en fais belle et bien partie de ce " weird bunch", moi, avec ma veste blazer bleu marine au milieu de ces gens plutôt décontractés et au milieu de l'été...
Leçon numéro 01#1.235e15 -> " on est toujours le type bizarre d'un autre... ".
L'arrêt dans le premier bar nous amène plus loin dans le centre du centre, un peu plus à mon goût. A partir de là, la soirée va reprendre un caractère très classique avec un mélange connu et reconnu mais dont on ne se lasse pas pour autant : boisson, discussion, rigolade. Ce qui est moins classique, c'est ce que je souligne depuis deux jours : le caractère exceptionnel de pouvoir parler le même soir avec un français exilé en suisse (après être passé par l'Allemagne et le Canada), un suédois, des portugais (l'un d'entre eux me parle avec amusement du guide pas à pas qu'à fait David L., sur le site des mongueurs, pour nous rejoindre aux réunions mensuelles), un irlandais, des hollandais, un italien et des allemands (yapc::EU-ROPE !).
A mesure que nous avançons dans la soirée, nous avançons pareillement dans le centre d'Amsterdam qui décidément, me plait de plus en plus (mais sans jamais atteindre des sommets en ce plat pays...). Nous jetons l'ancre définitivement près des canaux (...) où la troupe s'étire moitié dehors moitié à l'intérieur du pub.
Puis vient, un peu avant 1h, le délicat problème du retour. Nous décidons de rentrer à six dans deux taxis (Kai et Birgit, Briac, Philippe, un italien et moi, David et Jean nous ayant quitté en milieu de soirée). Il se passe là un pico évènement qui nous remet vite la tête à l'endroit, si besoin était.
Briac a une petite absence de trois ou quatre minutes, trois fois rien, une petite baisse de tension due à la fatigue, mais c'était assez impressionnant.
De là, tout suivra un cours très normal : retour à l'hôtel par pack de trois, nous nous souhaitons bonne nuit et... je ne vais encore pas directement au lit (bon sang de bon sang !!!). Je vais encore trouver le prétexte de prendre des notes mais c'est encore la télévision qui va m'occuper jusque 3h environ.
'Pô moyen d'être raisonnable... Incurable...